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Arnaud Estève : L’authentique

Arnaud Estève fait partie de la jeune génération d’avocats d’affaires. Celle qui, après avoir fait ses armes dans les rangs de cabinets parisiens réputés pour leur exigence – Veil Jourde, Racine… –, souhaite aujourd’hui davantage accompagner des PME dans leurs problématiques du quotidien que suivre des opérations financières internationales. Celle qui n’a pas l’intention de rentrer dans un quelconque moule et aspire à renouer avec l’« essence du métier » en exerçant de façon indépendante. Portrait d’un trentenaire au tempérament haut en couleur qui sait aller au bout de ses ambitions. Sur un terrain de rugby comme dans la vie.

Février 2021

Rigoureux et méthodique d’un côté. Jovial et truculent de l’autre. Arnaud Estève est un mélange des genres. Investi au sein du Rugby Club du Palais, ce trentenaire au gabarit imposant et à l’accent chantant montre un réel esprit d’équipe et un goût prononcé pour le combat. Ce qui ne l’empêche pas d’exercer le droit des affaires avec professionnalisme. Formé « à la dure » chez Veil Jourde, l’homme au caractère trempé est aujourd’hui reconnu par ses clients pour ses compétences techniques. Mais aussi pour sa capacité à défendre ses opinions avec force. A la tête de sa propre structure (Estève Avocat) depuis janvier 2021, Arnaud Estève souhaite renouer avec l’essence du métier d’avocat : indépendant, créatif, disponible et à l’écoute de problématiques concrètes. Comme une envie de liberté. De simplicité aussi, à la fois dans le mode d’organisation et dans les thématiques traitées. Pas de snobisme mal placé ni de volonté d’épater la galerie avec des honoraires à plusieurs zéros. Arnaud Estève reconnaît trouver davantage d’intérêt à accompagner des PME au quotidien qu’à suivre des opérations de M&A ou de private equity complexes. Quand bien même celles-ci seraient largement lucratives. Cet enfant du Sud qui n’a pas l’intention d’oublier ses racines et cultive des plaisirs simples est avant tout heureux de piloter son propre cabinet et d’organiser son temps comme il le souhaite.

« Il a un côté atypique. Il ne cherche pas à rentrer dans le moule de sa profession. Ce qui le rend à la fois humain et très attachant »

Alexandre Courriere, chef d’entreprise​​​​​​ 

Aiguiser son esprit créatif

Un goût pour l'indépendance qu’il a dans le sang. C’est son père, médecin dans le sud de la France, qui lui a transmis ce penchant pour l’exercice libéral. Adolescent, Arnaud Estève ne rêve pas de costume cravate ni de rendez-vous d’affaires. Son esprit plutôt littéraire le conduira en classe préparatoire avant que son intérêt pour la politique et la chose publique le mène finalement en faculté de droit à Montpellier. « Le droit des obligations sera pour moi une révélation, explique-t-il. Je me rends compte très vite que c’est un outil juridique de base. Il permet de créer, sans partir d’une feuille totalement blanche. » Parce qu’il veut rester le plus généraliste possible, l’étudiant se dirige naturellement vers le droit des affaires. Pas question toutefois pour celui qui fait partie des meilleurs élèves de sa promotion de suivre une formation lambda. Arnaud Estève accédera au prestigieux DJCE de Montpellier. « J’y ai appris, et cela m’a marqué, que le rôle de l’avocat est de creuser au-delà du droit. Sinon, nous ne sommes qu’une simple chambre d’enregistrement », note celui qui poursuivra ses études au sein de l’école de formation du barreau de Paris.

« Jeté dans le grand bain »

Propulsé dans le monde des cabinets d’affaires parisiens, le jeune Sétois comprend qu’il doit adopter les codes de cet univers singulier. Recruté par Veil Jourde, il est formé selon une méthode classique et parfois stricte. Pas de quoi impressionner ce sportif, convaincu d’avoir appris le métier plus vite qu’ailleurs. « J’ai immédiatement été jeté dans le grand bain avec de réelles responsabilités, explique Arnaud Estève, soulignant l’exigence technique demandée par les associés de la maison ainsi que le rythme intense imposé. Il est rare, dans les cabinets de cette envergure, d’être aussi rapidement en contact des clients. » Des clients qu’il aura marqués par la justesse de ses analyses et la singularité de son tempérament, créant ainsi, et malgré son jeune âge, un vrai climat de confiance : « Au-delà de ses qualités juridiques, qui sont indiscutables, Arnaud Estève est à la fois authentique et chaleureux, se souvient Rémy Thannberger, ex-dirigeant d’un groupe industriel dans le secteur de la défense qui garde un très bon souvenir de l’ancien collaborateur.  Il sait être très calme et très mesuré tout en ayant des opinions fortes. »

En l’espace de trois ans, le jeune avocat, qui ne compte pas ses heures, aiguise son savoir-faire dans le cadre d’opérations de M&A internationales complexes. Raisonnant au-delà du droit avec un franc-parler détonnant, Arnaud Estève se distingue des autres collaborateurs du cabinet. « Il a un côté atypique. Il ne cherche pas à rentrer dans le moule de sa profession, confirme Alexandre Courriere, chef d’entreprise qui a connu l’avocat lorsqu’il était stagiaire et qui fait, aujourd’hui encore, appel à ses compétences. Ce qui le rend à la fois humain et très attachant. »

« C’est un très bon co-équipier. Il est fiable, ne commet jamais d’erreurs dans les analyses qu’il fait. Il est très droit aussi bien sur le plan professionnel que personnel »

Rachel Dress, avocate et amie 

Assumer les conséquences

En 2017, parce qu’il aspire à changer d'environnement, Arnaud Estève rejoint le département corporate et M&A du cabinet Racine. « Je retrouve un peu d’oxygène et j’en suis très heureux, assure-t-il. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir de très beaux dossiers. » Le mélange de performance et de convivialité qui règne au sein de la maison convient parfaitement à l’avocat. « C’est un très bon co-équipier, témoigne Rachel Dress qui exerçait au même moment chez Racine et qui est toujours une amie proche. Il est fiable, ne commet jamais d’erreurs dans les analyses qu’il fait. Il est toujours très droit aussi bien sur le plan professionnel que personnel. » Seulement voilà, lorsque certaines règles rendent, à certains égards, moins flexible l'organisation du quotidien, Arnaud Estève n’hésite pas à afficher son point de vue. « Quand on est capable de dire ce que l’on pense, on doit être capable d’assumer », explique avec calme celui qui décide de quitter la maison. Simplement. Sans mésentente ni amertume. Mais avec lucidité. En quête d’autonomie, Arnaud Estève est toutefois conscient qu’il doit encore peaufiner ses connaissances, notamment en private equity. C’est pour cette raison qu’il rejoint le cabinet Chammas & Marcheteau au début de l’année 2020. 

« Il a toujours été très indépendant. Le monde des affaires ne l’a pas fait changer. C’est une personnalité brillante et très sociable. Tout ceci est dans son ADN » 

Loic Soubeyran-Viotto, confrère et ami, rencontré sur le bancs de la faculté de Montpellier. 

Dépasser le cadre du droit

Ses clients ? Principalement des fonds d’investissement pour le compte desquels il orchestre des opérations de LBO. Pour parfaire sa palette de compétences, Arnaud Estève multiplie également les contentieux : « Un vrai challenge pour moi, puisque j’avais très peu plaidé auparavant. » Le tout, pendant une année particulière. Celle de la crise sanitaire et du télétravail imposé. Un épisode révélateur. Constatant qu’il peut gérer seul des dossiers entiers, il saute le pas et lance sa propre structure, Estève Avocat, à la fin de l’année 2020. Une décision qui ne surprend pas ceux qui le connaissent. « Il a toujours été très indépendant, note Loic Soubeyran-Viotto, avec qui il a fait ses études à Montpellier. Le monde des affaires ne l’a pas fait changer. C’est une personnalité brillante et très sociable. Tout ceci est dans son ADN. » 

Un goût pour la liberté qu'il ne cache pas. Et ça plaît, puisque plusieurs entrepreneurs et dirigeants lui font d’ores et déjà confiance. C’est le cas d’Alexandre Courriere, qui a fait appel à l’avocat pour le montage de sa dernière société : « Au-delà de ses capacités techniques, il sait anticiper mes besoins et dépasser le cadre du droit pour m’aider à penser la stratégie. » Le tout avec franchise et fermeté, mais sans flagornerie. Et lorsqu’une problématique sort de son spectre de compétences, il n’hésite pas à solliciter des confrères spécialisés, principalement en droit fiscal ou en droit du travail.

« Au-delà de ses qualités juridiques, qui sont indiscutables, Arnaud Estève est à la fois authentique et chaleureux.  Il sait être très calme et très mesuré tout en ayant des opinions fortes »

Rémy Thannberger, ex-dirigeant d’un groupe industriel
dans le secteur de la défense. 

Du rugby et de l’audace

Des confrères avec qui il espère nouer des partenariats sur le long terme. Un esprit d’équipe qu’il affiche dans son bureau ou sur un terrain de rugby. Joueur au RCP – le Rugby Club du Palais dont il est le secrétaire général –, Arnaud Estève retrouve régulièrement ses coéquipiers pour s’entraîner, échanger, passer des moments festifs. Une « bande de copains » au sein de laquelle il est largement investi. Et ce n’est pas le capitaine de l’équipe, Romain Verzeni, collaborateur chez Bredin Prat, qui dira le contraire : « Il se démarque dans une équipe. C’est un personnage original qui fédère autour de lui. Il a de l’audace, du courage et ne recule devant aucune difficulté. Il a un côté appliqué, rigoureux et bon élève, tout en étant pleinement méridional et toujours partant pour organiser des festivités. »

Véritable bouffée d’air frais, le rugby offre à Arnaud Estève ainsi qu’aux autres avocats de l’équipe la possibilité de rencontrer des confrères aux quatre coins du monde lors des déplacements de l’équipe à Saint-Pétersbourg, Hong Kong, au Japon… Une ouverture d’esprit qu’Arnaud Estève n’a pas besoin de verbaliser. Son sens du contact, sa capacité à créer une atmosphère conviviale et son style décontracté parlent pour lui. Tout comme la fidélité de ses clients certifie la qualité de son savoir-faire d’avocat. « Mon travail n’a pas changé. Je fais toujours la même chose, mais dans un cadre différent », assure celui qui a posé ses cartons au sein de la pépinière Avocap, boulevard Saint-Germain. À suivre.

FUN FACTS

  • Il est administrateur de la section sport du barreau de Paris.
  • Il est secrétaire général du Rugby Club du Palais.
  • Il reconnaît être « un vrai papa poule » pour son berger australien, Patxi. 
  • Il est passionné de paléontologie.
L'équipe du Rugby club du Palais en déplacement à Chicago.
Rencontre entre le Rugby club du Palais l'équipe des avocats de Dublin, à Paris.