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Caroline Duclercq : Une énergie hors du commun

Caroline Duclerq détonne par son énergie. Avocate spécialisée en arbitrage, celle qui est aujourd’hui associée au sein du cabinet Altana, dispose d’une expérience solide aussi bien en France qu’à l’international. Engagée à plusieurs niveaux, elle défend notamment l’égalité entre les hommes et les femmes et pointe du doigt le recul du droit civil dans la région du Moyen-Orient. Portrait d’une femme de convictions.

 

Portrait réalisé en partenariat avec 

Découvrir de nouvelles cultures. Voilà ce qui fait vibrer Caroline Duclercq. C’est d’ailleurs pour dépasser les frontières tricolores que la Montpelliéraine d’origine se tourne vers l’arbitrage dès la fin de ses études de droit. Formée au début des années 2000 par l’un des tout meilleurs en la matière : Serge Lazareff, l’avocate a su se forger une solide réputation. Celle d’une femme à la fois combative et tenace, mais aussi chaleureuse et engagée qui sait parfaitement jongler entre dossiers d’envergure internationale et initiatives plus personnelles. « Caroline a une personnalité singulière, note son amie et consœur Valence Borgia, counsel chez K&L Gates. Elle se distingue par son énergie hors du commun et sa capacité à mener à bien un grand nombre de projets ». « Elle est toujours souriante et de bonne humeur », témoigne de son côté Stephanie Smatt, ex-avocate au sein du cabinet Altana, dorénavant directrice juridique de Orano. Associée de la maison depuis 2017, Caroline Duclercq est régulièrement sollicitée en matière de construction ou d’énergie, mais aussi en propriété intellectuelle, luxe, distribution, télécom… Une pluralité de sujets qui répond à son goût pour la nouveauté et à son intérêt pour les droits étrangers comme celui des pays d’Afrique ou des Emirats. Des systèmes juridiques que cette curieuse de nature a appris à connaître et à maîtriser au fur et à mesure des dossiers traités.

Observe et analyse

Jeune avocate, alors qu’elle fait ses armes aux côtés de Serge Lazareff — arbitre internationalement reconnu pour ses interventions dans un grand nombres d’affaires institutionnelles —, Caroline Duclercq traite des dossiers d’arbitrage impliquant des acteurs issus d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient. « En tant que secrétaire de tribunal arbitral, j’avais à m’occuper de la procédure, à comprendre une situation globale en décortiquant les dossiers, en lisant les mémoires et les pièces, se souvient-elle. Serge Lazareff nous disait toujours de regarder au-delà du droit. » Elle s’intéresse alors aux usages contractuels, à l’économie, à la réalité des entreprises sur le terrain. Observatrice, lors de ces années largement formatrices, elle assiste aux audiences et analyse le comportement des arbitres comme celui des différents conseils.

Mettre en place des stratégies

« Lorsque j’interviens en tant qu’arbitre, je n’hésite pas à rappeler aux avocats issus du contentieux, que nous ne sommes pas dans un palais de justice et que chacun dit garder un ton sobre »

Caroline Duclercq

« Elle a acquis très tôt une expérience considérable en travaillant sur d’importants dossiers », confirme Valence Borgia. Après plusieurs années à travailler en étroite collaboration avec Serge Lazareff, Caroline Duclercq le convainc de s’associer à d’autres avocats pour intervenir non plus uniquement comme arbitre mais aussi comme conseil. L’homme accepte et contribue au développement du cabinet Derains, Gharavi & Lazareff entre 2008 et 2010. C’est en 2009, que le cabinet Lazareff Le Bars voit le jour. Trois ans plus tard, à la suite du décès de son mentor, elle quitte la structure et rejoint le cabinet Altana en tant que counsel. 30 % de son temps est alors consacré à son activité d’arbitre. « Elle est excellente », affirme Valence Borgia. Il faut dire que Caroline Duclercq connaît parfaitement l’exercice. Tout comme la culture qui règne dans les audiences d’arbitrage. « Lorsque j’interviens en tant qu’arbitre, je n’hésite pas à rappeler aux avocats issus du contentieux, que nous ne sommes pas dans un palais de justice et qu’il faut garder un ton sobre », assure-t-elle confiant se reconnaître dans cette atmosphère de « gentleman ». 

« Elle a acquis très tôt une expérience considérable en travaillant sur d’importants dossiers »

Valence Borgia, avocate et amie

« Une force de la nature »

Mais parce qu’elle est une femme d’action, Caroline Duclercq apprécie sans doute plus encore son rôle de conseil. « C’est grisant », assure-t-elle avec une joie non dissimulée. Inventive, l’avocate aime élaborer des stratégies, apprécie la liberté de pouvoir se référer au droit mais aussi aux contrats, à l’économie du pays, aux circonstances. Une logique à mi-chemin entre le droit civil et le droit anglais. Son dossier le plus marquant ? Celui qui l’a opposée, sur un sujet de construction, à un conseil anglais fin connaisseur des cross-examination (pratique consistant à interroger un témoin de la partie adverse). Une procédure propre au droit anglais souvent utilisée en arbitrage. « Je me retrouve face à un avocat chevronné qui maîtrise parfaitement ce type de situation, avoue-t-elle. J’ai beaucoup appris lors de ce dossier. La contre-interrogation peut sauver un dossier comme elle peut le briser. C’est à la fois passionnant et épuisant. »  Capable de s’adapter très vite à la situation, cette travailleuse qui ne compte pas ses heures est réputée pour son tempérament combatif. « C’est une force de la nature, confirme Valence Borgia. Elle va toujours au bout des choses.»

Promouvoir le droit civil

Femme de convictions aussi, elle n’hésite pas à dénoncer les situations dont elle est témoin dans le cadre des dossiers qu’elle traite. Comme celle du recul significatif du droit civil au Moyen-Orient. « Les anglais ont, par des actions de lobbying puissantes, créé des juridictions dans ces régions historiquement civilistes », explique-t-elle. La Common Law est ainsi largement usité dans un grand nombre de contrats. Or, les avocats locaux ne sont pas tous formés à la Common Law. Convaincue que les juristes français doivent agir pour conserver leur influence dans cette zone délaissée par les cabinets tricolores, l’avocate souhaite, avec le soutien de l’Ordre, organiser des évènements dans cette zone et prône l’organisation d’événements divers. Si elle porte haut les couleurs du droit civil dans cette partie du monde, l’avocate est également décidée à représenter la culture et l’histoire de cette région qui la passionne. Elle est, à ce titre, membre de l’association du Paris Mena Legal club depuis sa création en 2018 et apporte régulièrement son éclairage à l’occasion de conférences ou de colloques en France et à l’étranger.

« Elle est sensible au respect de l’égalité et n’hésite pas à dénoncer des situations qui ne lui semblent pas aller dans ce sens. C’est son côté entière. »

Stéphanie Smatt, ex-avocate au sein du cabinet Altana, dorénavant directrice juridique de Orano

« Wake up (with) arbitration »

Un moyen aussi pour Caroline Duclercq de défendre l’arbitrage. Un mode de résolution des conflits qui peine aujourd’hui encore à être reconnu. Auprès des moyennes entreprises mais aussi et plus largement encore vis-à-vis du grand public. « On peut avoir recours à l’arbitrage en droit de la famille et en droit social, mais c’est rare, note celle qui regrette la mauvaise presse parfois réservée à cette pratique. L’affaire Tapis a très clairement joué un rôle négatif auprès de l’opinion. » C’est pour renverser cette tendance qu’elle crée en 2012, aux côtés de Valence Borgia, les petits déjeuners dédiés à la pratique de l’arbitrage — « Wake up (with) arbitration » — et participe au Conseil d’administration de l’Association française d’arbitrage et de Paris, Place de l’Arbitrage.

Un caractère entier

Autre préoccupation forte de l’avocate : l’égalité entre les hommes et les femmes dans la profession. Un engagement réel et concret. La preuve : elle préside la commission de l’Union des jeunes avocats dédiée à cette problématique entre 2014 et 2015. « C’est un sujet qui lui tient vraiment à cœur, assure Stéphanie Smatt. Elle est sensible au respect de l’égalité et n’hésite pas à dénoncer des situations qui ne lui semblent pas aller dans ce sens. C’est son côté entière. » Respect.

Les trois fondatrices de Wake up (with) arbitration (de gauche à droite) : Valence Borgia, Caroline Duclercq et Maria Beatriz Burghetto