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Cédric Dubucq : Le prodige

Depuis cinq ans, Cédric Dubucq pilote le cabinet d’affaires qu’il a fondé avec Philippe Bruzzo dans son fief d’Aix-en-Provence. La marque de fabrique de cet avocat qui, à seulement 30 ans, signe déjà de jolis succès ? Un savant mélange d’intelligence, de convictions, de bonne humeur et de folie douce. Entre tradition et modernité. Portrait d’un trublion en costume.

Mars 2020

Cédric Dubucq, c’est un peu l’avocat de demain. Brillant sans être pompeux, jovial sans être familier, ambitieux sans être prétentieux… À seulement 30 ans, ce prodige du droit des affaires envoie, sans le vouloir, un grand nombre de ses confrères au placard. Profondément épris de justice, cet hyperactif qui a son métier chevillé au corps s’impose aussi comme un entrepreneur intuitif et un meneur de troupes débonnaire. Plusieurs casquettes pour le juriste qui assume son envie de compter parmi ceux qui font bouger les lignes. « C’est un homme de projets, assure sans détour son ami Louis Larret-Chahine, directeur général de la legaltech Predictice. Il a une personnalité solaire, joyeuse. Il est toujours très dynamique et extrêmement enthousiaste. » Des qualités humaines que lui reconnaît également son mentor, le professeur Jacques Mestre : « Il est pour moi le modèle type de ce que doit être un jeune avocat ambitieux aujourd’hui. »

« Cédric Dubucq est pour moi le modèle type de ce que doit être un jeune avocat ambitieux aujourd’hui.

Jacques Mestre, Doyen honoraire de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseilleille

Il faut dire qu’à seulement 30 ans, cet ambitieux au talent indéniable signe à la fois de jolies victoires juridiques et de belles réussites entrepreneuriales. La preuve : le cabinet Bruzzo Dubucq s’inscrit aujourd’hui comme un véritable business partner pour un nombre conséquent d’entreprises dans le sud de la France. L’avocat est par ailleurs à l’origine d’un vaste projet de classements et de valorisation des métiers du droit et du chiffre en Afrique. Il est aussi l’instigateur d’une offre de service de solutions blockchain pour sécuriser le droit de propriété sur le continent africain. Un quotidien chargé. Pas question toutefois de renoncer à son équilibre de vie. Cet épicurien n’est pas du genre à sacrifier son bonheur personnel sur l’autel du business. Encore moins sur celui de l’argent. Un état d’esprit qu’il partage avec son associé et partenaire de vingt ans son aîné, Philippe Bruzzo. Avocat connu et reconnu dans la région aixoise, ce dernier – actuel bâtonnier du barreau d’Aix – est largement réputé pour son franc-parler et son éloquence. Le secret de l’alchimie entre les deux hommes ? Une fidélité réciproque et absolue. Une volonté de « toujours faire de son mieux ». Mais aussi et surtout, une furieuse envie de rire. Quelques minutes en leur compagnie suffisent pour capter cette connexion lumineuse, humaine, instinctive, quasi filiale qui permet à Cédric Dubucq d’exprimer pleinement ses capacités d’avocat et ses envies d’entrepreneur.

Créer de la valeur

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Si Cédric Dubucq est moins expérimenté que son associé, il est tout autant passionné par le métier qu’il exerce. « Enfant déjà, l’injustice m’était insupportable, se souvient-il. J’ai eu un déclic pour la profession d’avocat lorsque j’ai assisté à un procès d’assises. J’étais alors en licence de droit. Les mots prononcés lors de la plaidoirie m’ont coupé le souffle. » Cet amoureux des mots et des belles phrases étudie à la faculté de droit de Toulon où il envisage une carrière de pénaliste. Une spécialité classique, traditionnelle. Sans doute un peu trop pour celui qui n’a pas l’intention de s’enfermer dans un carcan, aussi noble soit-il.

« C'est un très bon juriste. Pour lui, le droit est un outil, un instrument au service d’autres disciplines. C’est une preuve d’ouverture d’esprit »

Jacques Mestre

Pragmatique, le juriste veut créer de la valeur, apporter des solutions concrètes à des problématiques données. C’est pour cette raison qu’il se tournera finalement vers le droit des affaires. Parce qu’il a l’habitude de viser haut, l’étudiant décide de suivre les enseignements de Jacques Mestre, l’un des meilleurs professeurs en droit des contrats, installé à Aix-en-Provence. Il nouera avec celui qu’il considère comme son « maître à penser », des liens d’amitié sincères. Et ce n’est pas l’intéressé qui dira le contraire. « Cédric était un très bon étudiant, note le professeur. Il est devenu un très bon juriste, avec des capacités d’anticipation et une vision humble du droit. Pour lui, le droit est un outil, un instrument au service d’autres disciplines. C’est une preuve d’ouverture d’esprit. » Parce qu’il est doué et travailleur, Cédric Dubucq franchit rapidement les étapes universitaires et prête serment à seulement 23 ans. Deux ans plus tard, il fonde, avec Philippe Bruzzo, son propre cabinet en droit des affaires. « J’ai pris le chemin le plus court pour y arriver, reconnaît-il d’un ton amusé, partagé entre la lucidité quant à la singularité de son parcours et la gêne face à son indiscutable réussite. Disons que je n’ai pas voulu attendre. Mais j’ai beaucoup travaillé pour cela. »

Le secret de l’alchimie entre Philippe Bruzzo et Cédric Dubucq ? Une fidélité réciproque et absolue. Une volonté de « toujours faire de son mieux ». Mais aussi et surtout, une furieuse envie de rire.

Secrétaire de la Conférence

Avant de fonder sa propre structure, le jeune avocat fait ses armes au sein d’un cabinet de droit des affaires installé à Aix-en-Provence. Quelques mois après son arrivée, il participe au concours de la Conférence du stage. Son sujet : « L’apprentissage du clavecin est-il similaire à l’éloquence ? » Pendant quinze jours, l’avocat travaille sa rhétorique, jongle avec les mots, prépare la plaidoirie parfaite. « Mais j’oublie mon papier, le jour de la présentation, raconte-t-il avec cette fausse décontraction qui le caractérise. Disons que j’ai été obligé d’inclure des jaillissements spontanés. » Un naturel éloquent qui séduit le jury et lui permet de remporter le concours et ainsi de compter parmi les secrétaires de la Conférence du stage pendant un an. Une expérience fondatrice pour l’avocat. Celle-ci lui donnera accès à un vaste réseau, mais aussi et surtout aux procès en cour d’assises. Un moyen pour celui qui se destinait au droit des affaires de revenir à l’essence même du métier d’avocat : « En l’espace d’une journée, je devais jongler entre les dossiers de pénal et des affaires de restructuring », se souvient-il. Un grand écart intellectuel qui plaît à ce touche-à-tout en quête permanente de challenges.

 

« Cédric Dubucq est un homme de projets. Il a une personnalité solaire, joyeuse. Il est toujours très dynamique et extrêmement enthousiaste. »

Louis Larret-Chahine, Directeur général, Predictice

Dans le cadre de son activité de collaborateur, il est chargé d’épauler Philippe Bruzzo, alors associé de la structure. Les deux hommes travaillent ensemble sur le dossier Anovo, l’un des plus importants redressements judiciaires de ces dernières années. « Nous défendions une soixantaine d’obligataires et d’actionnaires, raconte-t-il. Nous avons engagé la responsabilité des administrateurs et nous sommes arrivés à transiger. C’était passionnant. » Forts de ce succès, les deux avocats, dont les rapports s’avèrent très vite solides, décident de créer leur propre cabinet en 2014. Leur modèle ? Des structures comme Bredin Prat ou Darrois Villey Maillot Brochier. « Des maisons qui ont su construire leur renommée sur une conviction : le conseil et le contentieux sont indissociables », explique Cédric Dubucq. Pas question toutefois de calquer sa pratique sur l’existant. Le jeune avocat veut innover. Notamment en matière de relation client.

Direction juridique décentralisée

Afin de tirer son épingle du jeu, il imagine un système d’abonnement mensuel, permettant à ses clients d’accéder à toute l’ingénierie du cabinet Bruzzo Dubucq. Un véritable service de direction juridique décentralisée. Un positionnement qui fonctionne. Plusieurs entreprises font rapidement confiance aux avocats qui se posent comme de véritables business partners et comptent aujourd’hui des clients fidèles comme le groupe Lotti, Sofalip ou Cybertek… « L’activité du cabinet dépasse le cadre purement juridique, Cédric Dubucq s’intéresse au business au sens large, note Jean Monin, directeur administratif et financier du groupe GPE. Au-delà de son expertise technique et de sa capacité à gérer les dossiers, il a une très bonne compréhension des mécaniques économiques. C’est un avocat brillant, très créatif et toujours force de proposition. » Si les sollicitations sont chaque mois un peu plus nombreuses, pas question d’accepter tous les dossiers. « Ce serait une erreur, explique-t-il. Nous devons être certains que le client a du charme, qu’il est respectueux de notre travail et, enfin, que son état d’esprit et son activité sont compatibles avec ce que nous avons à lui proposer. » Par souci d'honnêteté, et parce qu’il veut conserver une certaine excellente dans son expertise, l’avocat n’hésite pas à refuser les demandes trop simples : « Nous choisissons nos clients. C’est le seul luxe que nous nous offrons aujourd'hui. »

La clinique du droit des affaires : le prix de l’innovation

Et ce n’est pas la seule singularité du cabinet, qui doit avant tout son originalité au binôme qui la pilote. Si Cédric Dubucq incarne la fraîcheur, l’envie d’innover et l’ambition, Philippe Bruzzo apporte, de son côté, sa connaissance de l’écosystème, son expérience d’homme d’affaires, ses capacités de plaideur et « un capital sympathie évident », note Cédric Dubucq. Entre les deux, le lien dépasse le cadre professionnel. « C’est une histoire d’amour qui n’est pas corrompue par le désir », poursuit-il. Un trait d’humour qui pose le décor de la relation. Et si les deux hommes ont en commun une joie de vivre communicative, ils partagent aussi la même discipline : rigueur absolue, travail bien fait, service du client. Mais aussi une volonté de s’entourer des meilleurs profils. Pour ce faire, Cédric Dubucq a l’idée de créer une cellule de recrutement pour attirer les meilleurs talents. Il fonde alors la Clinique du droit des affaires.

Le concept ? Mettre en relation les étudiants désireux de se former dans un cadre réel et des entrepreneurs qui n’ont pas les moyens d’accéder à des conseils juridiques de pointe. Ainsi, chaque vendredi après-midi, les locaux du cabinet se transforment en laboratoire juridique au sein duquel les étudiants, épaulés par un avocat de la maison, reçoivent des clients pour une consultation gratuite. Une initiative remarquée qui obtiendra d’ailleurs le prix de l’incubateur du barreau de Paris. Une récompense qui offre un coup de projecteur instantané au cabinet et permet à Cédric Dubucq de se faire un nom dans l’écosystème de l’innovation juridique. À ce titre, il n’hésite pas à soutenir les initiatives les plus prometteuses. « Il a été l’un des premiers avocats à nous faire confiance et à investir dans notre projet, témoigne Louis Larret-Chahine, saluant sa bienveillance. Il est toujours présent en cas de coups durs. »

« Au-delà de son expertise technique et de sa capacité à gérer les dossiers, Cédric Dubucq a une très bonne compréhension des mécaniques économiques. C’est un avocat brillant, très créatif et toujours force de proposition. »

Jean Monin, directeur administratif et financier,
groupe GPE

Une touche de malice

Féru de nouvelles technologies, Cédric Dubucq n’hésite pas à proposer des solutions inédites à ses clients comme la blockchain pour sécuriser des activités ou des procédés de signature électronique. Une envie d’innover qui n’a pas de limites. La preuve : Cédric Dubucq est le premier avocat du pays à avoir accepté d’être rémunéré en cryptomonnaie. « C’était déontologiquement possible », prévient tout de suite celui qui agace parfois dans la profession. Pas de quoi le faire douter pour autant : « Pour moi, à partir du moment où l’on garde notre dignité d’avocat, il n’y a aucune limite. » Une philosophie qu’il a bien l’intention de conserver à l’avenir. « Nous avons, Philippe et moi, cette envie d’être imprévisibles, ça nous amuse beaucoup, reconnaît-il, avec une touche de malice. Si cet état d’esprit n’est pas toujours compris par nos confrères, il l’est par nos clients. C’est l’essentiel. » Une imperméabilité aux critiques qui lui procure une grande liberté d’action. Au sein de la profession, comme en dehors.

Côtoyer des sages comme des fous

Inspiré par le professeur Jacques Mestre et sa passion pour l’Afrique, Cédric Dubucq développe très tôt un intérêt pour ce territoire singulier. Aussi bien sur le plan humain que sur le terrain juridique. « Dix-sept pays ont fait le choix d’adopter un droit commun (le droit OHADA). Celui-ci ressemble à 98 % au droit civil, explique-t-il. Au sein de ces mêmes pays, 14 % des actifs veulent créer des sociétés. Un chiffre important. Or, les confrères locaux sont peu nombreux et leur tarification est parfois obscure. » Convaincu qu’il a une carte à jouer pour encourager l’entrepreneuriat et valoriser les métiers du droit en Afrique, Cédric Dubucq décide de lancer le site « Lex4 » en 2016. Son ambition ? Mettre en lumière les meilleurs avocats du continent grâce d’une part à des classements qualitatifs et, d’autre part, à une offre de communication haut de gamme. « L’idée est d’accompagner l’excellence juridique africaine », résume-t-il. Et ce n’est pas le seul projet que l’avocat conduit en marge de son activité. Il travaille également avec différents États sur des solutions blockchain pour sécuriser le droit de propriété, dispense des enseignements à la faculté de droit, investit dans des sociétés innovantes… Des initiatives qui ont toutes un dénominateur commun : un lien direct ou indirect avec le droit des affaires. Viscéralement attaché à l’éthique et au rôle de l’avocat dans la Cité, il n’hésite par ailleurs pas à mettre ses compétences au service des causes qui lui paraissent justes. « Le métier d’avocat m’apporte une diversité intellectuelle et me permet de côtoyer des sages comme des fous », conclut celui qui ne laisse jamais entrevoir ni arrogance ni dédain. Mais à force de multiplier les projets en tout genre, ce trublion du droit ne risquerait-il pas de diluer la qualité de son expertise ? En aucun cas, certifie Jacques Mestre : « Il peut donner l’impression de se disperser, mais c’est en réalité un professionnel sérieux qui travaille beaucoup ses dossiers. » N’est donc pas Cédric Dubucq qui veut. 


 

« Nous avons, Philippe et moi, cette envie d’être imprévisibles, ça nous amuse beaucoup. Si cet état d’esprit n’est pas toujours compris par nos confrères, il l’est par nos clients. C’est l’essentiel. »

Cédric Dubucq