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Crédit photo : Patrick Gaillardin

Frédéric Fougerat : L'as de la com'

Depuis plus de vingt ans, Frédéric Fougerat multiplie les postes dans des groupes comme Altran, Elior ou Emeria… Considéré par le magazine Forbes comme le communicant le plus influent du pays, cet autodidacte au leadership incontestable entame désormais un nouveau chapitre de sa carrière. Avec son agence – Tenkan Paris –, il accompagne dorénavant des personnalités exposées. Avec toujours la même ambition : être utile. Portrait d’un visionnaire libre et entier.

Octobre 2022

Pour connaître les nouvelles tendances de la communication, il suffit de discuter avec Frédéric Fougerat. Il faut dire que ce quinquagénaire en impose. Par son savoir-faire ultra-pointu, sa recherche de l’excellence et sa capacité à cerner les évolutions du métier d’un côté. Par son humilité et sa bienveillance de l’autre. Et comme tous les « grands », l’homme n’a pas besoin d’afficher sa réussite. L’envergure de son expérience parle pour lui. Dans les années deux mille, après avoir fait ses armes dans le public, il prend successivement la direction de la communication de plusieurs groupes internationaux. Et partout où il passe, il imagine et met en œuvre – de concert avec les membres de son équipe – une stratégie adaptée, sur mesure et redoutablement efficace. Cela, quel que soit le secteur. Son secret ? Son écoute et sa fine compréhension de l’entreprise. Son intuition aussi. Très tôt, il réalise que les réseaux sociaux bouleverseront durablement la société. Il sera d’ailleurs l’un des premiers directeurs de la communication à s’afficher sur Facebook, Twitter et LinkedIn. Si bien qu’il dispose aujourd’hui d’un réseau solide.

Il le sait : ces outils imposent dorénavant aux communicants un temps d’action et de réaction toujours plus court. Et ce n’est pas son seul talent. Chaleureux et altruiste, Frédéric Fougerat se démarque par sa très grande capacité à fédérer autour de lui. Ses collaborateurs – certains travaillent à ses côtés depuis dix ans – témoignent sans la moindre hésitation : « C’est un vrai leader », « Un très bon manager », « Il est très fidèle et loyal », « Il est véritablement moteur », soulignant au passage sa force de travail et son esprit convivial. Son esprit libre, aussi. Tout comme sa volonté, chevillée au corps, d’être utile. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça marche. « Il est réellement au-dessus du lot dans le milieu, observe Laurent François, fondateur de l’agence Maverick Communication et du podcast Le décodeur de la com. Il est très pointu et il a une vraie vision. C’est un peu le Uber de la communication. » C’est avec cet état d’esprit et conscient des évolutions de son métier qu'il se lance désormais dans l’aventure entrepreneuriale. Avec sa nouvelle agence, Tenkan Paris, il entend se consacrer à la communication de crise pour des personnalités exposées. En France, mais aussi à l’étranger. Comme une suite logique, presque naturelle pour celui qui s’inscrit aujourd’hui comme un véritable leader d’opinion. 

« Il est réellement au-dessus du lot dans le milieu. Il est très pointu et il a une vraie vision. C’est un peu le Uber de la communication »

Laurent François

fondateur, Maverick Communication, podcast Le décodeur de la com

Gagner ses galons

Rien ne le prédestinait pourtant à un tel parcours. Dans les années quatre-vingts, une fois son baccalauréat en poche, il n’a pas l’intention de traîner sur les bancs de la faculté de droit. Le jeune homme a soif d’apprendre. Il veut du concret. Du réel. Il intègre une radio libre. Son rôle ? Directeur de la communication et producteur de programmes. Rapidement, ce débrouillard, doté d’un incontestable bon sens, est repéré par des élus en quête de communicants. Il commence alors une carrière dans le public. Pendant une dizaine d’années, il enchaîne les missions en tant que directeur de cabinet et directeur de la communication pour différentes collectivités. Une expérience formatrice. « C’était à la fois génial et usant. Il est particulièrement difficile de dépendre, non pas de la qualité de son travail, mais des résultats électoraux », explique l’intéressé qui décide de quitter le secteur public pour rejoindre le vaste univers du privé. Grâce à ses connaissances du monde de la presse et du lobbying, il intègre le groupe Vedior. Avec humilité et modestie. Le communicant sait qu’il doit faire ses preuves. Curieux, il n’hésite pas à sortir du cadre qui lui est confié, attirant ainsi l’attention du président du groupe, l’instinctif Philippe Salle. Ce dernier décide alors de lui attribuer la direction de la communication du groupe. Un challenge de taille que Frédéric Fougerat, avec sa vision, son expérience et sa force de travail, relève haut la main. Il gagne ses galons et, avec eux, la confiance du grand patron. 

Intrapreneur

Si bien que les deux hommes nouent des liens solides. Alors, lorsque Philippe Salle change d’entreprise, Frédéric Fougerat suit. Dans le secteur pétrolier, avant un détour dans l'univers pharmaceutique. En 2011, il intègre Altran – société qui sera ensuite rachetée par Capgemini – toujours aux côtés du même patron. « Le groupe est coté en Bourse. Les enjeux en matière de communication sont particulièrement importants. Philippe Salle me fait totalement confiance. C’est le signe d’une relation très forte. Il ne m’adresse ni feuille de route ni directive, reconnaît-il sans chercher à dissimuler sa gratitude. Je suis totalement autonome. » Il intègre ensuite Elior en 2015, puis le groupe Emeria – propriétaire de Foncia – en 2018. Avec toujours le même objectif : construire ou reconstruire la réputation d’une ou plusieurs marques. Les humaniser et renforcer leur présence médiatique. Ce qui suppose de piloter à la fois la communication externe, interne et numérique, les relations presse, le marketing, l’éditorial et même, parfois, les sujets de RSE. « Il connaît tous les métiers de la communication, c’est un très grand professionnel, estime Laurent François. Il peut aussi bien accompagner un politique, qu’un dirigeant ou une marque. C’est en quelque sorte un intrapreneur de la communication. »

« Il connaît tous les métiers de la communication. Il peut aussi bien accompagner un politique, qu’un dirigeant ou une marque. C’est un intrapreneur de la communication. » 

Laurent François 

fondateur, agence Maverick Communication, podcast Le décodeur de la com

European Excellence Awards 2017 à Hambourg, avec Elie Grange, Paul Lamoureux, Frédéric Fougerat, Anne Babkine, Agathe Weil et Benoît Repoux

Et comme tout intrapreneur, Frédéric Fougerat s’entoure. Pour relever les défis qui lui sont confiés ou mener à bien des campagnes stratégiques, le directeur de la communication peut compter sur l’aide, le soutien et la créativité de ses collaborateurs. Pour le plus grand bonheur de ce manager-né : « C’est passionnant de constituer une équipe. Cela suppose de recruter des personnalités différentes, variées, complémentaires. Des personnalités qui doivent, chacune, trouver leur place. Ce n’est que comme ça qu’elles peuvent être heureuses. Et ce n’est que comme ça qu’un groupe peut performer. J’en suis intimement convaincu. »

« De l’autorité sans être autoritaire »

Une conviction qui permet à Frédéric Fougerat d’organiser son équipe comme une meute, une tribu. C’est ce qu’il fait au sein du groupe Emeria. Entre 2018 et 2022, la direction de la communication qu’il pilote compte une vingtaine de professionnels. Certains, parmi eux, travaillent aux côtés de l’intéressé depuis plus d'une décennie. C’est le cas d’Agathe Weil. « Fréd fait partie de ces personnes qui ont de l’autorité sans être autoritaires, affirme-t-elle, avec admiration et amitié. Il est exigeant et rigoureux, tout en étant à l’écoute et empathique. Il sait faire confiance, ce qui est très agréable au quotidien. Il ne se prend pas au sérieux et il aime rire. » Il n’impose ni barrière ni hiérarchie stricte. Chacun, quel que soit son niveau de responsabilité, peut s’adresser au  directeur de la communication. L’homme tient à accorder la même considération à tous les membres de son équipe. Pas d’ego surdimensionné chez ce communicant qui puise sa créativité dans les échanges avec son équipe.

Crédit photo : Emmanuel Fradin

« Fred est exigeant et rigoureux, tout en étant à l’écoute et empathique (...) Il ne se prend pas au sérieux et il aime rire  » 

Agathe Weil

directrice déléguée à la communication, Emeria

Mais qu’on ne s’y trompe pas, son tempérament chaleureux et empathique ne l’empêche pas d’être performant. Bien au contraire. « Je suis en permanence en recherche d’excellence. Et ce, jusque dans les moindres détails, précise l’intéressé. Mes collaborateurs savent que je suis leur chef, que c’est moi qui décide. Mais ils savent aussi qu’ils peuvent partager leur avis et leur opinion. Ils seront toujours écoutés et pris en considération. » « Il n’a pas peur de s’entourer de personnes plus compétentes que lui », confirme de son côté Anne Babkine, qui a travaillé avec lui pendant sept ans et qui est aujourd’hui directrice de l’offre et de l’expérience client chez Foncia. 

Générer de l’émotion

Des personnes plus compétentes que lui... et différentes de lui. Frédéric Fougerat le créatif tient à s’entourer de profils variés. Que ce soit sur le plan de la nationalité, de la religion, du genre, de l’âge… « Il y a deux choses qui m’affectent très fortement dans la vie, de façon générale, ce sont la pauvreté et les discriminations, confie-t-il. Ce sont des injustices qui me touchent beaucoup. » « C’est un vrai militant de la lutte contre le racisme, il est pour l’inclusion en général, témoigne Agathe Weil. C’est un combat quotidien pour lui. Ce qui ne l’empêche pas de rester pragmatique et de chercher à rester performant. Il sait que plus une équipe est variée, plus elle est créative et compétente. Je crois que c’est dû à son parcours d’autodidacte. »

« Nous ne sommes pas là uniquement pour répondre aux besoins et publier des livrables, nous sommes là pour créer et générer de l’émotion »

Frédéric Fougerat 

Militant, l’homme l’est aussi pour son métier. Depuis trente cinq ans, il porte haut les couleurs de la communication. Il suffit de constater l’impact de chacun de ses posts sur LinkedIn ou Twitter pour s’en rendre compte. Engagé et convaincu de l’aspect stratégique de son métier, il n’hésite pas à exprimer ses opinions et sa vision de la communication. « Nous ne sommes pas là uniquement pour répondre aux besoins et publier des livrables, nous sommes là pour créer et générer de l’émotion », explique-t-il, regrettant la trop grande méconnaissance générale – au sein des entreprises et plus largement au sein de l’opinion publique – de la communication. En perpétuelle évolution, le métier suppose, aujourd’hui plus qu’hier, de la réactivité et de la rapidité. « Nous sommes en permanence en situation de gestion de crise, poursuit Frédéric Fougerat. Nous avons très peu de temps pour réfléchir et élaborer une stratégie. Ce qui entraîne une inévitable dégradation de la qualité de la communication. »

Mission d’évangélisation

Pas de quoi impressionner ce travailleur acharné qui a su changer son organisation et son mode de fonctionnement pour s’adapter à ces nouvelles exigences. Il faut dire que cet hyperactif aime l’imprévu et les journées à rebondissements. « C’est galvanisant… Et ça m’empêche de m’ennuyer », confesse-t-il, sourire aux lèvres. Avec sa nouvelle agence, Tenkan Paris, le communicant continue d’être aux côtés des personnes exposées. Pas question de multiplier les clients. Mais plutôt d’offrir un accompagnement sur mesure. Et plus la tâche est complexe, plus Frédéric Fougerat s’épanouit. « Ce n’est pas particulièrement passionnant de travailler la communication ou l’image d’une marque très connue et que tout le monde aime déjà », assure cet homme de challenge qui a bien l’intention de monter une nouvelle équipe. L’identité de ses clients, elle, restera confidentielle. Frédéric Fougerat a vocation à travailler dans l’ombre. En sous-marin. Ce qui ne l'empêche pas de continuer sa mission d’évangélisation en faveur de la communication. À travers la réalisation de livres ou la rédaction de tribunes dans la presse. À travers sa participation à plusieurs conférences en France et en Afrique, principalement. Ou encore auprès des étudiants de l’Iscom. « Avec ce nouveau chapitre de ma vie professionnelle, je pensais avoir plus de temps pour moi… Mais ce n’est finalement pas certain », reconnaît-il, sans l’ombre d’une crainte. Libre et passionné, Frédéric Fougerat l’affirme sans difficulté : la communication est sa source d’énergie. Si bien qu’il n’a (presque) jamais l’impression de travailler. Un constat de bon augure pour Tenkan Paris

Pourquoi « Tenkan » ?

 

C’est une référence à l’aïkido, art martial japonais. « Tenkan », qui signifie pivoter, décrit un mouvement d’anticipation et de réaction, exigeant à la fois rapidité d’exécution, agilité et précision. Un clin d'œil à cette activité longtemps pratiquée par Frédéric Fougerat : « Les arts martiaux font partie de mon parcours. J’aime cette approche qui mêle sagesse et puissance. Cela correspond, selon moi, parfaitement à l’approche qu’il faut avoir pour gérer la communication de crise. » 

FUN FACTS 

  • Il est profondément libre et n’aime pas la contrainte.

  • Son profil Twitter affiche près de 30 000 followers. 

  • Il est particulièrement plébiscité sur le territoire africain. Il y délivre régulièrement des conférences ayant comme sujet l’évolution des métiers de la communication. 

  • Il est l’auteur de cinq ouvrages : Un manager au cœur de l’entreprise (2017), Le goût des autres (2018), Un dircom n’est pas un démocrate (2020), Le dico de la com (2020), La com est un métier (2021).

  • « La diversité, c’est son combat, son obsession », selon ses proches. 

  • Il est, chaque matin, heureux de se lever pour travailler. 

  • Il rédige chaque mois, et depuis quinze ans, une tribune pour le magazine FocusRH. 

  • S’il n’avait pas été directeur de la communication, il aurait aimé piloter la rédaction d’un journal.