Lucille Dejonquères : Au cœur des femmes

Chasseuse de têtes engagée, Lucille Desjonquères aide, encourage et, lorsqu’il le faut, exhorte les entreprises à respecter leurs obligations en matière de parité. Dotée d’un très vaste carnet d’adresse, celle qui murmure à l’oreille des femmes les plus influentes de l’Hexagone contribue de façon concrète à la mixité au sein des comités directeurs, comités exécutifs et des conseils d’administration. Un combat qui lui vaut d’être décorée de la Légion d’honneur en 2022. Portrait d’une sentinelle au service d’une société plus juste. 

Mise à jour. Mai 2024
Crédit photos. Stephan Servant

« J’ai décidé de lui remettre l’ordre de la Légion d’honneur en raison de sa vision pragmatique du féminisme. Son combat est celui de l’émancipation économique. Elle ne cherche pas à exclure les hommes. Il n’est pas question de remplacer une domination par une autre. Il s’agit de faire en sorte que les femmes aient les mêmes chances, la même dignité, le même respect que les hommes. C’est, pour moi, l’essence du féminisme. » En 2022, alors qu’elle est ministre déléguée, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno est touchée par l’important travail que mène Lucille Desjonquères depuis vingt ans. Le travail en question ? Placer les femmes au plus haut niveau des entreprises. Faire respecter les loi Copé-Zimmermann (2011) et Rixain (2021) qui instaurent des quotas dans les plus hautes instances des entreprises. Un travail de fond. Un travail de longue haleine qui suppose d’entourer les femmes d’un côté. D’accompagner les entreprises de l’autre. Déterminée, cette « sacrée nana, pleine de peps », telle que la décrivent ses proches, multiplie les initiatives pour se faire entendre. À la tête de son propre cabinet de chasse de têtes, elle est également aux manettes des assises de la parité – en tant qu’ex-présidente de la branche française de l’International Women’s Forum –, anime sa propre émission sur YouTube, et intervient régulièrement dans différents médias. Avec toujours le même message : rappeler que la mixité est un enjeu de performance pour les entreprises. Plusieurs études démontrent en effet que les sociétés avec une direction paritaire enregistrent de meilleurs résultats que celles dotées d'un management purement masculin. « Nous ne sommes pas des justiciers, assure-t-elle avec la spontanéité qui la caractérise. Mais des alliés pour les entreprises. » Pas de revendications belliqueuses. Lucille Desjonquères n’est pas une révolutionnaire. Mais une femme décomplexée qui n’a pas peur d’agir. Une femme de son temps, décidée à briser préjugés et idées reçues.

« Son combat est celui de l’émancipation économique. Elle ne cherche pas à exclure les hommes. Il n’est pas question de remplacer une domination par une autre »

Elisabeth Moreno, ex ministre déléguée, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes,

Retrouver du sens

Si elle est aujourd’hui déterminée, Lucille Desjonquères ne s’imaginait pas, plus jeune, en porte-étendard d’une telle cause. Ni en experte du recrutement. C’est dans l’industrie pharmaceutique, en qualité de directrice marketing, qu’elle fera d’abord carrière. Au début des années 2000, elle prête ponctuellement main forte à celui qui est alors son mari, Michel Dumont, et qui dirige son propre cabinet de chasseur de têtes : Leyders Associates. Très vite, elle se passionne pour le « côté très humain » du métier. Il n’en faut pas plus pour s’investir pleinement pendant dans sa nouvelle fonction. En 2011, la loi Copé-Zimmermann est promulguée et impose aux entreprises un quota obligatoire de 40 % du sexe sous-représenté dans les conseils d’administration. Lucille Desjonquères prend conscience de l’importance cruciale de la mesure. Pour les femmes comme pour les entreprises : « À cette période, les dirigeants que nous accompagnons nous confient leurs difficultés à trouver des femmes avec des profils adaptés à leurs besoins. Je me dis qu’il y a quelque chose à faire. » Ni une ni deux, Lucille Desjonquères se met en quête des professionnelles les plus talentueuses du pays. C’est le point de départ de son combat en faveur des femmes. 
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La référence en matière de parité

« Je réalise que les femmes manquent de confiance en elles, même lorsqu’elles occupent des postes à responsabilité et qu’elles gèrent leur vie familiale en parallèle », explique la chasseuse de têtes qui veut valoriser à la fois le savoir-faire et le savoir-être de ces femmes. 

Et pour les entreprises ? Lucille Desjonquères se pose comme un « facilitateur ». « Elle les aide à intégrer dans leur conseil d’administration, des femmes capables d’apporter une ouverture, une complémentarité et un regard différent », note Sandra Esquiva-Hesse, avocate, soulignant l’engagement profond de l’intéressée. Reconnue pour son influence, elle est repérée par l’International Women’s Forum qui, en 2016, cherche à s’implanter en France. Soutenue par un grand nombre de femmes, elle devient présidente d’IWF France et intègre activement le réseau qui compte 7 000 membres à travers les sept continents. Au sein de l’organisme, elle organise des événements, médiatise la cause des femmes, prend la parole dans différents médias et organise en 2019, la toute première édition des assises de la parité. 

« La bataille est loin d’être gagnée. La directive européenne Women on board et la récente loi Rixain ont fait bouger les lignes (...) Mais je crois que, aujourd’hui, au-delà de la responsabilité des entreprises, l’enjeu est de travailler le leadership des femmes »

Lucille Desjonquères

Réfléchir, échanger, débattre

L’objectif de ce rendez-vous annuel, qui réunit chaque année des chefs d’entreprise, ministres, DRH de grands groupes, sportifs, et autres personnalités marquantes de notre société ? Réfléchir, échanger, débattre sur l’ensemble des sujets qui freinent la parité au plus haut niveau des entreprises tricolores. Sans chercher à juger ni à pointer du doigt des potentiels fautifs. Mais plutôt à faire preuve de pédagogie. À rappeler sans cesse l’importance, pour l’entreprise, d’une direction davantage paritaire. « Les assises de la parité sont devenues un rendez-vous incontournable pour toutes les entreprises qui veulent montrer qu’elles agissent en faveur de la parité », précise l’intéressée, fière de cet événement qu’elle a construit de toutes pièces. Preuve de son influence : l’édition 2023 s’est tenue à Bercy l’année dernière. Un signal fort qui prouve que les lignes bougent. De plus en plus de femmes font d’ailleurs partie des conseils d’administration de grandes sociétés. Le chemin vers la parité est toutefois encore long. Les femmes restent largement minoritaires et les sanctions prévues par la loi Copé-Zimmermann ne sont presque jamais appliquées. « La bataille est loin d’être gagnée, souligne Lucille Desjonquères, toujours aussi déterminée. La directive européenne Women on board et la loi Rixain récemment promulguées ont également fait bouger les lignes. Ces mesures sont malheureusement nécessaires. Mais je crois que, aujourd’hui, au-delà de la responsabilité des entreprises, l’enjeu est de travailler le leadership des femmes. »
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« Notre ambition, avec Lucille, est de continuer à placer des profils de femmes très qualifiées au sein de comités de direction. Il ne s’agit pas uniquement d’aider les femmes, mais aussi et surtout de créer de la valeur pour les entreprises »

Gwenael Perrot, CEO, Lincoln

Faire face

C’est dans cet objectif précis que, en 2024, Lucille Desjonquères noue un partenariat stratégique avec le cabinet de chasse de têtes Lincoln, dirigé par Gwenael Perrot. Il témoigne : « Avec Lincoln, nous sommes engagés sur le sujet des discriminations depuis des années. Notre ambition, avec Lucille, est de continuer à placer des profils de femmes très qualifiées au sein de comités de direction. Il ne s’agit pas uniquement d’aider les femmes, mais aussi et surtout de créer de la valeur pour les entreprises.  Nous partageons, avec Lucille, la même vision sur ce point. » Battante à la ville comme à la scène, la chef d’entreprise, qui pilote chaque jour une équipe de six personnes, ne baisse jamais les bras. Y compris en 2020, lorsqu’elle doit faire face au décès de celui qui est à la fois son associé et son mari. « Je crois que c’est dans les épreuves que l’on trouve des forces insoupçonnées, explique celle qui, malgré cet épisode douloureux, n’a jamais envisagé de renoncer à son combat. C’est ma mission de vie. Je continuerai toujours à porter la cause des femmes. » Proche de sa tribu, Lucille Desjonquères savoure aujourd’hui, sans doute plus que quiconque, des plaisirs simples. Comme une promenade en forêt avec ses deux chiens, un moment passé avec ses enfants et ses petits-enfants, une discussion sans chichi avec une personnalité inspirante. Une femme élégante. En tous points de vue. 
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  • Sa passion ? Ses enfants.... et ses chiens

  • Son premier engagement associatif et bénévole ? L’organisation d’événements à destination des célibataires de son réseau au début des années 2000.

  • Son vice, pas tout à fait caché ? Le vin de bourgogne.

  • Son secret pour relâcher la pression au quotidien ? La méditation et l’écoute de musique classique.

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