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Nicolas Boytchev : La force tranquille

Nicolas Boytchev est l’un des avocats français les plus réputés lorsqu’il s’agit de négocier des baux commerciaux complexes. Figure de proue du département immobilier du cabinet Racine, celui qui est arrivé comme stagiaire dans les années 1990 a su développer son activité et gravir les échelons jusqu’à devenir co-managing partner entre 2013 et 2019. Portrait d’un intrapreneur. 

Octobre 2021

Il se dégage de Nicolas Boytchev une certaine sérénité. Une élégance aussi. L’élégance de ceux qui ne cherchent ni à imposer leur savoir ni à étaler leurs réussites. Et pourtant, l’associé du cabinet Racine tire aujourd’hui son épingle du jeu en matière d’immobilier. Sa spécialité ? La négociation de baux commerciaux complexes. C’est vers lui que se tournent les enseignes les plus prestigieuses – Cartier, Montblanc, …– lorsqu’elles souhaitent ouvrir de nouvelles boutiques dans les quartiers les plus prisés de la capitale. C’est lui également qui conseille, accompagne et défend des acteurs de l’immobilier en France comme BNP Paribas Real Estate, Icade ou Generali Real Estate. Un savoir-faire acquis au fur et à mesure des occasions et des rencontres. Un savoir-faire spécifique qui suppose, au-delà des seules compétences juridiques, une finesse intellectuelle et qui implique de faire preuve de diplomatie. De créativité aussi, afin d’imaginer et de mettre en œuvre le meilleur compromis possible. « Il a ce quelque chose qui est de lordre de lempathie, de la chaleur humaine, témoigne Stéphane Gaux, directeur des régions chez BNP Paribas Real Estate. Cela transparaît dans les négociations quil mène. Il ne se prend pas pour une star, même sil est, en réalité, une star dans la discipline. » Un talent largement reconnu qu’il met depuis plus de vingt ans au service du cabinet Racine. Maison qu’il a rejointe comme stagiaire dans les années 1990 et au sein de laquelle il a su se faire une place. Jusqu’à devenir co-managing partner entre 2013 et 2019. Avec toujours une seule et même envie : vivre et partager une belle aventure collective. 

« Ce n’est pas un avocat qui a un ego surdimensionné. Il est toujours dans l’échange et sait adapter son discours à l’interlocuteur qu’il a en face de lui. »»

 Pierre Raynal, Directeur, Real Estate du groupe Richemont.

Du pénal aux affaires 

Enfant, il n’imaginait pas diriger un cabinet d’affaires florissant. Encore moins négocier des baux à plusieurs millions d’euros. Empathique de nature, s’il veut devenir avocat, c’est avant tout pour défendre les autres. Il s’oriente alors naturellement vers le droit pénal. Sa première expérience du terrain ? Il la vit en qualité de stagiaire aux côtés de Jean-Yves Liénard, un pénaliste réputé, avocat de figures comme Roland Dumas, Bernard Tapie ou Gérard Depardieu dans les années 1990. Il y apprend les rouages du métier, décrypte les coulisses du Palais de Justice, se découvre un goût pour la plaidoirie. Et ça lui plaît. Si bien qu’il aspire à démarrer une carrière avec son mentor. Parce qu’il est curieux, le jeune avocat souhaite toutefois vivre l’expérience du monde des affaires, le temps d’un stage. Il remarque alors une offre au sein d’un  cabinet de taille modeste, qu’il rejoindra pour quelques mois : Cavalié & Associés. 

Stagiaire, collaborateur, associé 

Le fondateur, Bruno Cavalié, est charismatique, ses trois associés sont inspirants, l’ambiance est familiale et bienveillante. « Je nai pas de secteur attitré, mais j’épaule Valérie Ledoux et j’interviens notamment en droit immobilier, à la fois en conseil et en contentieux », se souvient Nicolas Boytchev, qui s’épanouit pleinement dans la dynamique entrepreneuriale du cabinet au sein duquel il décidera de poursuivre l’aventure. Devenu collaborateur, Nicolas Boytchev intervient principalement sur des dossiers de droit de l’immobilier, et acquiert des connaissances pointues en la matière. Motivé par les ambitions des associés, l’homme ne s'en cache pas : il veut s’investir et développer son activité en immobilier. « Bruno Cavalié ma donné ma chance », assure celui qui deviendra associé quatre ans seulement après son arrivée au sein de la maison.

Nicolas Boytchev et Valérie Ledoux ont été co-mananing partner du cabinet Racine entre 2013 et 2019.

Une fois le titre en poche, il doit s’affairer au plus délicat : faire vivre le département immobilier, trouver des clients. Un challenge de taille pour celui qui n’a pas de réseau et peu d’expérience. Qu’à cela ne tienne.  « Je suis allé au Marché international des professionnels de limmobilier (Mipim). Pendant trois jours, je me suis présenté auprès de tous les acteurs du secteur, raconte en esquissant un sourire celui qui a une âme d’entrepreneur. Et ça a marché. » ​​​​​​​

Plonger dans l’univers de l’immobilier

Son premier « gros » client ? Une société du CAC40 qui, au début des années 2000, décide de liquider l’ensemble de ses actifs immobiliers, mais de conserver les 500 contentieux qui y sont rattachés. « Lentreprise nous a confié lintégralité de ces dossiers dun coup, c’était gigantesque », explique Nicolas Boytchev qui traitera lui-même une centaine de dossiers et fera appel à d’autres cabinets d’avocats pour le reste. Un travail intense. Plongé sans réserve dans la réalité de l’immobilier et de la construction, Nicolas Boytchev enchaîne les contentieux. « C’était, à tous points de vue, une formation accélérée. Cet épisode ma permis de me faire une place dans le secteur », se souvient celui qui acquiert une envergure nouvelle. Comme avocat plaidant et comme conseil stratégique pour les entreprises qu’il accompagne. Mais aussi comme meneur de troupes qui aime transmettre et créer de l’enthousiasme. 

« Il a ce quelque chose qui est de lordre de lempathie, de la chaleur humaine. Cela transparaît dans les négociations quil mène. Il ne se prend pas pour une star, même sil est, en réalité, une star dans la discipline »

Stéphane Gaux, directeur des régions chez BNP Paribas Real Estate.

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« Nos clients savent que je ne traite pas les dossiers seul, assure Nicolas Boytchev, qui reconnaît sans difficulté le talent de ses collaborateurs. Ce que je leur propose, cest un travail d’équipe. » S’il sait et s’il aime développer l’activité du département immobilier, l’avocat ne ramène pas tout à lui. Bien au contraire. Il n’hésite pas à transmettre une  partie de sa clientèle à ses collaborateurs. Il confiera d’ailleurs les dossiers en droit de la construction à Jean-Philippe Lorizon et ceux ayant trait à la gestion locative à Nelson Segundo. Tous deux deviendront, sur ses recommandations, associés du cabinet Racine en 2008 et 2011. Quant à Nicolas Boytchev, il se consacre depuis plus de dix ans aux deals en matière de baux commerciaux, notamment dans le secteur du divertissement, de la presse et du luxe. C’est vers lui que se tourne, entre autres, le groupe Richemont   lorsqu’il souhaite ouvrir une nouvelle boutique au cœur de la capitale.

Nicolas Boytchev et son équipe, récompensés à l'occasion des Trophées du droit, en 2019.

FUN FACTS 

  • Sil navait pas été avocat ? Il aurait été entrepreneur. 
  • Son hobby ? Le sport. La course à pied et la gymnastique qu’il pratique quotidiennement. 
  • Sa passion ? L’horlogerie. 
  • Son conseil aux jeunes avocats ? « Avoir de laudace, prouver sa compétence et saisir les opportunités. »

De la sérénité dans les débats

C’est à lui que font également appel, depuis près de quinze ans, les principaux promoteurs tricolores et autres acteurs majeurs de l’immobilier français, comme Nexity, BNP Paribas Real Estate, ou encore CBRE. Ce que ces derniers apprécient, avant tout, chez Nicolas Boytchev, au-delà de ses compétences techniques ? Son calme, son écoute, sa sérénité, son empathie. « Jessaye toujours de trouver la formule juste, la bonne solution. Celle qui permet à chaque partie d’être satisfaite du deal », explique celui qui fait l’unanimité auprès de ses clients, qu’ils soient bailleurs ou locataires, propriétaires ou acheteurs. « Ce nest pas un avocat qui a un ego surdimensionné, estime Pierre Raynal, directeur Real Estate du groupe Richemont. Il est toujours dans l’échange et sait adapter son discours à linterlocuteur quil a en face de lui. » Négociateur hors pair, il « trouve toujours une solution adroite pour sortir du conflit », confirme Bernard Alaoua, directeur juridique chez CBRE Proma Services. Et ce n’est pas tout. Nicolas Boytchev est également reconnu pour sa créativité. « Il nest pas scolaire, témoigne ainsi Stéphane Gaux. Il sait faire preuve dimagination. Et pour autant, cest un homme très fiable qui apporte de la sécurité sur le plan juridique, bien sûr, mais aussi sur les aspects financiers et stratégiques. »

La renommée de toute une équipe 

Un succès personnel qui a de quoi faire la fierté de Nicolas Boytchev. Et pourtant, ce qui fait le bonheur de l’avocat, c’est la renommée de l’ensemble du département immobilier, aujourd’hui composé de trois associés et d’une dizaine de collaborateurs. Une équipe d’experts qui peut, en prime, s’appuyer sur les autres départements de Racine. Elle peut notamment compter sur le talent de Fabrice Rymarz sur des sujets de fiscalité immobilière ou encore sur celui de Barna Evva, spécialiste des questions de financement, les deux avocats ayant rejoint le cabinet comme associés respectivement en 2011 et 2013. « Ces arrivées nous ont permis de couvrir lensemble du spectre immobilier, sans exception. Il y a très peu de structures qui proposent une expertise aussi complète que la nôtre », résume Nicolas Boytchev qui est très largement impliqué au sein de la maison Racine.

Co-managing partner 

« Nicolas Boytchev trouve toujours une solution adroite pour sortir du conflit »

Bernard Alaoua, directeur juridique, CBRE Proma Services

Une implication qui le conduira au poste de co-managing partner, en 2013, aux côtés de Valérie Ledoux. « Il a une réelle capacité d’écoute et sait mener des discussions franches, témoigne celle auprès de qui il a dirigé le cabinet pendant sept ans. Cest quelquun de très précis. Nous avons toujours pris le temps de traiter chaque sujet en détail aussi bien dans le fond que sur la forme. » Envisager les axes de développement, réfléchir à une évolution de la structure, aiguiller la communication… Tel est le rôle du managing partner. « Jai adoré ça, même si c’etait très prenant ! », avoue l’intéressé qui passera la main à un autre duo d’associés fin 2019, tout en restant investi dans cabinet, en particulier au sein de la commission « développement » dont il est, aujourd’hui encore, le responsable. « Nous sommes tous, dune façon ou dune autre impliqués dans la vie de Racine. Cest notre vision du cabinet davocats », précise-t-il, fier de porter les couleurs du cabinet. 

L’équilibre

Un cabinet qui va continuer à se développer. De façon mesurée, en conservant ses fondamentaux : l’esprit entrepreneurial et la dimension humaine. « Racine, cest une belle histoire que nous avons construite ensemble, conclut celui qui aspire à relever de nouveaux challenges et à acquérir de nouvelles compétences. Toujours dans l’univers de l’immobilier. Et toujours, bien sûr, au sein du cabinet Racine. Pour rien au monde, Nicolas Boytchev ne quitterait cette maison qui l’a vu grandir et s’épanouir.  Pour rien au monde non plus, il ne bousculerait cet équilibre qu’il aura mis plusieurs années à bâtir. L’équilibre qui fait de lui un avocat renommé, un associé fidèle, un manager bienveillant et un père de famille présent et attentif au bonheur de ses proches. Un Graal que certains passeront leur vie à chercher.