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Laurent Jourdan : L’humilité de la réussite 

Laurent Jourdan est un cador du restructuring. Son secret ? Sa passion pour le métier, son implication sans réserve dans les dossiers, sa capacité à fédérer autour de lui. Chargé de piloter la communication du cabinet Racine – dont il est associé depuis 2013 –, il contribue par ailleurs au rayonnement de la maison tricolore. Un emploi du temps chargé qui ne l’empêche pas de profiter des bons moments de la vie. Portrait d’un travailleur épicurien.

Il est sans doute l’un des avocats les plus connus dans l’univers de la restructuration d’entreprises. Mais il ne faut pas le lui dire. Laurent Jourdan ne cherche pas à vanter ses mérites. Encore moins à afficher l’envergure des dossiers qu’il traite. Et pourtant : les entreprises qu’il accompagne – généralement dans des situations critiques – occupent, la plupart du temps, le devant de la scène journalistique. Ce fut le cas de FagorBrandt en 2014, de Fram en 2010, de Presstalis en 2020… Mais qu’on ne s’y trompe pas : s’il pilote l’une des équipes les plus réputées en restructuring, Laurent Jourdan n’est pas avide de médiatisation. Ce qui le motive avant tout ? Résoudre des problématiques. Capter l’intérêt intellectuel. Venir à bout des challenges juridiques et financiers. « Notre discipline est transversale et suppose davoir des réflexes en droit des affaires, en social, en financements, en sûretés…  Cest ce que je trouve passionnant », souligne ce bourreau de travail qui aborde chaque dossier avec, comme il se doit, diplomatie et bienveillance. Il le sait mieux que quiconque : derrière chaque entreprise en difficulté se cachent un dirigeant en détresse et un corps social inquiet.

« Ce qui, selon moi, le définit, c’est l’affabilité. Il est toujours disponible, à l’écoute, souriant. C’est un professionnel précieux »

Serge Papin, ex-président de Système U, 
conseil en leadership.

« Ce qui, selon moi, le définit, c’est l’affabilité, témoigne Serge Papin, ex-président de Système U et conseil en leadership. Il est toujours disponible, à l’écoute, souriant. C’est un professionnel précieux. » Si le restructuring occupe aujourd’hui très largement l'intéressé, le contentieux des affaires prend, lui aussi, une place importante dans son emploi du temps. « Jai toujours aimé plaider, cest un sport de combat, reconnaît-il, précisant, signe d’humilité, préparer rigoureusement chacune de ses interventions. Cest dailleurs le seul sport que je pratique. » Un trait d’esprit qui en dit long sur son sens de l’humour. Sur son côté bon vivant, aussi. « Pour être performant dans cette discipline, il faut être capable de relâcher la pression, note Cédric Dugardin, expert reconnu en matière de restructuration et de transformation des entreprises. Jai plaisir à retrouver Laurent Jourdan pour un moment convivial, en dehors des dossiers. »  « Cest un véritable épicurien », confirme Lisa Ducani, sa collaboratrice depuis huit ans qui ne tarit pas d’éloges à propos de son mentor. Et ni son statut d’associé ni son rôle au sein du comité exécutif du cabinet Racine n’empêchent l’avocat de garder « les mains dans le cambouis » : « Il ne se laisse jamais distancer par son équipe. Il est précis et connaît les dossiers par cœur », poursuit-elle. 

Une discipline complète, transversale, concrète

Si Laurent Jourdan est aussi impliqué, c’est parce qu'il est passionné. « Jadore mon boulot », reconnaît l’intéressé sans sourciller. Le droit, il est tombé dedans dès qu’il a mis un pied à la faculté. « Jai tout de suite aimé la discipline tout comme la sphère universitaire, se souvient-il. Jai dailleurs, pendant longtemps, voulu être professeur de droit. » Un goût pour la recherche et l’enseignement qui ne le quittera jamais. Sa première expérience en cabinet d’avocats ? Au sein d’une petite structure, à Bobigny. Les avocats y exercent une discipline peu connue des étudiants : le restructuring. Laurent Jourdan découvre une matière complète, transversale, concrète. Et ça lui plaît. Il signe alors pour une année entière au sein de la maison avant de rejoindre, en tant que collaborateur, Philippe Ginestié en 1993. À ses côtés, le jeune avocat est formé « à la dure ». Il appréhende le métier aussi bien en conseil qu’en contentieux, se familiarise avec les clients et apprend à répondre – avec rigueur et méthode – aux exigences des dossiers. De restructuration comme de contentieux des affaires. « Jai toujours exercé dans les deux disciplines. À cette époque, je travaillais jour et nuit. Les dossiers étaient prenants. On était sur tous les fronts, c’était très formateur », souligne celui qui rejoindra le cabinet Lefèvre Pelletier en 1999. 

« Derrière tout dossier il y a de l’humain. Laurent Jourdan a cette capacité à expliquer une situation, à dédramatiser, à gérer des états d’âmes. Il a de l’empathie et une grande finesse d’esprit »

Cédric Dugardin, expert reconnu en matière de restructuration et de transformation des entreprises

Affûter son savoir-faire 

Au sein de la prestigieuse maison, le jeune avocat fait ses preuves. En un temps record puisque, deux ans seulement après son arrivée et alors qu’il n’a que 31 ans, Laurent Jourdan est nommé associé et prend en charge le département contentieux. Ses dossiers de prédilection ? Le haut de bilan, les conflits entre associés… En parallèle et de façon naturelle, l’avocat se pose comme la référence en matière de restructuring. Affûté sur le plan technique, il accompagne tous types d’entreprises en difficulté. Il conseille, négocie, discute. Avec des créanciers, des banques, les pouvoirs publics, des partenaires sociaux… Et affiche rigueur, force de travail et envie de bien faire. Condition sine qua non pour imaginer la meilleure issue possible et, ainsi, dénouer une situation difficile. « Cest une machine, témoigne Lisa Ducani, sa collaboratrice actuelle. Il travaille énormément sans jamais donner limpression d’être surmené. »  Conscient qu’il doit s’entourer, l’avocat a forgé autour de lui un groupe d'avocats solide. « Jai toujours eu de très bons collaborateurs à mes côtés. Sans eux, rien ne serait possible », souligne l’intéressé avec respect et gratitude. En 2009, après avoir passé près de dix ans au sein du cabinet Lefèvre Pelletier, il décide de quitter la structure avec son équipe et plusieurs associés. 

Wragge & Co

Décidé à vivre une nouvelle aventure, l’avocat échange avec plusieurs maisons. Notamment avec un certain cabinet Racine, fondé par Bruno Cavalié, dont il apprécie l’esprit entrepreneurial novateur sur le marché. Oui, mais voilà, Laurent Jourdan souhaite poursuivre avec ses anciens associés de Lefèvre Pelletier. Il ouvre alors le bureau français du cabinet Wragge & Co avec Henry Ranchon et Pierre Appremont en 2010. Les clients – des entreprises de toutes tailles – le suivent et sollicitent de plus en plus régulièrement son savoir-faire. Que ce soit pour des sujets de restructuration ou pour des dossiers de contentieux des affaires. L’association est fructueuse, mais éphémère. Deux ans après leur installation, les trois associés décident de se séparer. Laurent Jourdan, dont l’intérêt pour le cabinet Racine est toujours intact, reprend contact avec les associés de la maison. Et c’est sans hésitation aucune qu’il rejoint la structure comme associé – avec quatre collaborateurs – en 2013. « Pour mon plus grand bonheur, affirme l’avocat qui ne regrettera jamais son choix. Bruno Cavalié a créé un cabinet à son image : exigeant et performant tout en étant chaleureux et doté dun réel esprit entrepreneurial. »  

« Il est très rigoureux. Il a une vraie valeur ajoutée dans les dossiers. Il apporte une vision, un regard. Je l’ai souvent recommandé. Et j’ai toujours eu des bons retours. »

Serge Papin, ex-président de Système U, 
conseil en leadership

«« Cest un excellent manager. Il ne ma jamais mise en porte-à-faux devant un client. Il sait fédérer, donner les directives et placer les bonnes personnes aux bons endroits. Il fait confiance, tout en restant connecté aux dossiers.  »

Lisa Ducani, avocate,  
collaboratrice de Laurent Jourdan

Une approche humaine et bienveillante 

Chez Racine, Laurent Jourdan continue sa montée en puissance et en crédibilité. Notamment en restructuring. « Il est très rigoureux, assure Serge Papin. Il a une vraie valeur ajoutée dans les dossiers. Il apporte une vision, un regard. Je l’ai souvent recommandé. Et j’ai toujours eu des bons retours. »  Un dossier en particulier le propulse sur le devant de la scène médiatique nationale : celui de la cession du groupe FagorBrandt. Il interviendra ensuite auprès de plusieurs sociétés en difficulté comme GAD, Fram, Dunlopilo- Treca, Presstalis, le groupe Geoxia et sa filiale Maisons Phénix… Il travaille alors de concert avec des pontes en la matière comme l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux ou les équipes de Eight Advisory. La marque de fabrique de Laurent Jourdan dans ce type de dossier ? Une envie profonde de trouver la solution la plus indolore pour toutes les parties prenantes. Mais aussi et surtout, une volonté de conserver une approche bienveillante. Vis-à-vis des salariés, des partenaires sociaux, mais aussi des dirigeants. « On partage avec ces derniers des moments de tension absolue », explique-t-il avec empathie. « Derrière tout dossier il y a de lhumain, des émotions, confirme Cédric Dugardin. Laurent Jourdan a cette capacité à expliquer une situation, à dédramatiser, à gérer des états d’âmes. Il a de lempathie et une grande finesse desprit. C'est très important. »

Meneur de troupe

Autre particularité de l’avocat : sa diplomatie, sa capacité à échanger, à discuter, à faire entendre son point de vue. Face à des adversaires, mais aussi face à des juges ou des représentants de l’État. Avec toujours la même attitude, le même comportement. Mais aussi la même capacité à piloter les membres de son équipe. « C’est un vrai meneur de troupe », observe Serge Papin. Même analyse pour Cédric Dugardin : « J’aime beaucoup travailler avec les membres de l’équipe de Laurent Jourdan. C’est très agréable car ils sont calmes, compétents, posés, mesurés, disponibles. » La collaboratrice de l’intéressé corrobore : « Cest un excellent manager. Il ne ma jamais mise en porte-à-faux devant un client. Il sait fédérer, dicter le rythme des dossiers, donner les directives et placer les bonnes personnes aux bons endroits. Il fait confiance, tout en restant connecté aux dossiers. C’est ce qui fait sa force. »

« Pour être performant dans cette discipline, il faut être capable de relâcher la pression. Jai plaisir à retrouver Laurent Jourdan pour un moment convivial, en dehors des dossiers »

Cédric Dugardin, expert reconnu en matière de restructuration et de transformation des entreprises

Des moments conviviaux

« Cest dailleurs pour ça que je suis à ses côtés depuis huit ans, et que je ne serai jamais la collaboratrice dun autre associé », poursuit-elle avec détermination. Grâce à son implication – et à celle des autres membres de l’équipe –, Laurent Jourdan peut mener à bien ses missions au sein du cabinet Racine. En tant que membre du comité exécutif, il chapeaute la communication de la maison. « Il était évident, pour moi, de mimpliquer, dune façon ou dune autre, dans la vie du cabinet, explique-t-il. Jaime cet esprit entrepreneurial ou chacun met la main à la pâte. » Et pour la suite ? Le quinquagénaire aspire, naturellement, à poursuivre sa vie d’avocat. À continuer de prendre en main des dossiers passionnants avec le soutien indéfectible de son équipe. Une équipe d’hommes et de femmes heureux de vivre des moments forts, mais aussi conviviaux. « On a le sentiment de faire partie dune meute », note Lisa Ducani. Pour le plus grand bonheur de Laurent Jourdan qui aspire, aussi, à sortir la tête des dossiers pour vivre d’autres expériences. Pour découvrir d’autres univers. C’est dans cette optique qu’il intervient, depuis plusieurs années, comme enseignant à Science Po.

Faire avancer la chose publique 

Et ce n’est pas tout. Passionné d’histoire, Laurent Jourdan travaille depuis plusieurs années à la réalisation d’une biographie de Jean Zay. « Cest une icône, un personnage considérablement important de la IIIe République. La première victime du régime de Vichy et de son antisémitisme, estime Laurent Jourdan qui ne manque pas d’admiration pour ce témoin de l’histoire.  Sa vie est dense, riche et emblématique. » Et ce n’est pas tout. Cet ex-militant des jeunes rocardiens garde au fond de lui une envie de s’engager en politique. Pas pour briguer un mandat, mais dans l’optique de faire avancer la chose publique. Dans l’ombre. « Ou alors à un niveau local, précise l’intéressé qui, encore une fois, n’a que faire du feu des projecteurs. Je nai jamais voulu être un professionnel de la politique, mais jaurais aimé faire les marchés, écouter les problématiques des administrés et tenter dy répondre. » Comme une évidence. 

FUN FACTS

  • Il écrit une thèse sur les procédures collectives au début des années 1990.
     

  • Son film fétiche est Barry Lyndon (« un chef-d’œuvre », estime-t-il).
     
  • Son livre de chevet est Cent ans de solitude
     
  • Il aime passer ses vacances au Maroc ou en Grèce, sur l'île de Paros.
     
  • Il est père de deux garçons (16 et 21 ans) et beau-père de deux belles-filles (16 ans et 24 ans).