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Pierre Massot : Le dépassement de soi

Fondateur du cabinet Arenaire, récompensé dans divers classements pour ses performances en droit de la propriété intellectuelle, Pierre Massot s’impose aujourd’hui comme une référence en la matière. Un avocat qui brille par l’énergie qu’il déploie pour accompagner ses clients, mais aussi par la bienveillance dont il fait preuve dans ses rapports aux autres. Portrait d’un homme moderne.

Janvier 2020

Hautains, déconnectés, sans vergogne… Les avocats ont parfois mauvaise réputation. Pierre Massot se situe à l’exact opposé de cette description. Il suffit de constater la simplicité et la délicatesse avec lesquelles il reçoit ses interlocuteurs dans les locaux de son cabinet du 16e arrondissement pour s’en rendre compte. Pas d’effet d’esbroufe ni d’avant-propos surfaits. Ce genre de comportement ne fait pas partie de son ADN. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière ce tempérament chaleureux et bienveillant, se cache un challenger. Un homme de défis qui a, au fur et à mesure des années, érigé le dépassement de soi en philosophie de vie. Pas pour satisfaire sa propre réussite. Mais pour venir en aide aux autres. Le nombre de dossiers pro bono qu’il traite chaque année en est la preuve. Une volonté profonde d’être utile qui le définit. Tout comme sa passion pour l’art. Pour tous les arts. Capable de lire Dante pour le plaisir, ce féru de poésie assume joyeusement son goût pour les blockbusters américains : « La littérature, la poésie, le cinéma et même l’humour…  sont des choses vitales pour moi. J’en ai besoin. » Des sources d’inspirations essentielles pour celui qui est avant tout un homme de droit rigoureux et méthodique. Formé sur les bancs de cabinets prestigieux – Gide, Freshfields, Allen & Overy, Cabinet Escande –, avant de fonder sa propre structure, il sait décortiquer les questions juridiques sensibles et imaginer des solutions concrètes pour venir à bout des dossiers les plus complexes. Une précision et une ténacité qui lui ont permis de gagner la confiance de clients prestigieux comme Maisons du Monde, la Macif ou encore les laboratoires Teva.

« Il est efficace, pragmatique, s'investit entièrement dans les dossiers et sait comprendre l’évolution de l’entreprise. C’est pour cela que nous lui avons toujours été fidèles »

Aude Devois, responsable juridique de Maisons du Monde

« J’ai failli tout plaquer pour faire l’École du Louvre »

Pourtant, Pierre Massot l’assure : « Enfant, je ne rêvais pas d’être avocat. Je ne savais pas ce que je voulais faire. J’avais un profil à la fois scientifique et littéraire, j’étais curieux de tout. J’ai suivi des études de droit un peu par défaut. » Sur les bancs de la faculté d’Orléans, il découvre des enseignements qui l’inspirent. Parce qu’il est doué et que les résultats sont là, l’étudiant intègre le Magistère de droit des affaires de l’université d’Assas. « J’ai vite compris que la fiscalité n’était pas pour moi, se rappelle néanmoins celui qui prend conscience de ses aspirations personnelles. J’ai failli tout plaquer pour faire l’École du Louvre. »

 

Lucide, Pierre Massot intègre finalement le DEA de propriété littéraire et artistique de la même Faculté. « C’était un bon compromis », note l’avocat. Il lui faudra toutefois attendre son stage au sein du cabinet Gide pour avoir une révélation : « Je découvre une matière passionnante. Les questions sont concrètes. On parle de marque, de création, d’invention… ça donne un sens au métier au-delà des simples considérations financières. » Une expérience marquante qui le conduira à côtoyer ceux qui s’imposeront quelques années plus tard comme des pontes de la spécialité. Décidé à embrasser une carrière en propriété intellectuelle, Pierre Massot passe l’examen du barreau et termine troisième lauréat au CAPA.

L'équipe du cabinet Arenaire, récompensé à l'occasion des Trophées du droit, en 2019
L'équipe du cabinet Arenaire, récompensé à l'occasion des Trophées du droit, en 2019

Mener l’enquête

« Je réalise que, en tant qu’avocat, j’aime aider les autres. J’aime les défendre, bien sûr, mais j’aime aussi les sortir de situations délicates », confie celui qui fera ses toute premières armes en tant que stagiaire dans deux autres grandes maisons : Freshfields et Allen & Overy. Parce que les enjeux sont importants et qu’il est consciencieux, l’homme creuse pleinement chacun des dossiers qui lui sont attribués. Et ce n’est pas pour lui déplaire. « On peut rester des jours et des jours à tenter de résoudre une seule problématique à mener l’enquête pour trouver la bonne solution, assure-t-il. J’adore cet aspect du métier. » Si ses passages au sein de firmes internationales sont formateurs, Pierre Massot n’a pas l’intention d’y faire carrière. Pas question d’être contraint par des objectifs financiers précis. Mais plutôt d’intégrer une structure à taille humaine. Alors, en 2005, il rejoint les rangs du cabinet de Michel-Paul Escande. « C’était une opportunité incroyable car il était et reste l’un des meilleurs plaideurs en propriété intellectuelle de l’époque », explique-t-il. Au sein de la petite structure – moins de 10 avocats –, Pierre Massot s’épanouit et contribue à défendre des marques de renom…. Le tout avec un style singulier. « Michel-Paul Escande était très raffiné et courtois dans sa façon de traiter les dossiers. Il a un vrai charisme, une aura particulière. J’appréciais la manière qu’il avait de se présenter aux juges ou de plaider », se souvient-il alors qu’il apprend ce qu’on ne trouve pas dans un manuel de droit : la finesse et la délicatesse. Des outils indispensables pour prétendre défendre une image de marque. 

« Il défend ses dossiers corps et âme et de façon minutieuse. Ce qui lui permet de mettre en œuvre des stratégies efficaces »

Katty Sinquin

Efficace et pragmatique

Au bout de cinq années, Pierre Massot, alors en quête de sens, décide de quitter Michel-Paul Escande pour créer sa propre structure aux côtés de l’une des collaboratrices senior du cabinet. « On partait de zéro », se souvient-il. Peu importe. L’aventure entrepreneuriale est stimulante. Rapidement, l’enseigne d’ameublement et de décoration Maisons du Monde sollicite directement le jeune avocat. « Il était efficace, pragmatique et a toujours eu l’intelligence de s’investir entièrement dans les dossiers et de comprendre l’évolution de l’entreprise. C’est pour cela que nous lui avons toujours été fidèles », témoigne Aude Devois, responsable juridique de Maisons du Monde qui fait appel aux compétences de Pierre Massot depuis plus de dix ans. « On a mené ensemble des batailles incroyables, confirme l’intéressé. J’ai été amené à plaider pour des sujets divers, pour des paillassons, des guirlandes, des meubles… » L’avocat contribuera d’ailleurs à défendre l’image de la société, qui, au début des années 2010, peine à lutter contre la contrefaçon et à faire reconnaître le travail de son bureau de style à sa juste valeur. «Grâce au travail entrepris avec Pierre Massot, nous sommes dorénavant reconnus comme des créateurs », poursuit la juriste. L'entreprise d'ameublement et de décoration a ainsi pu préserver son image de marque contre les actes parasites dont elle était de plus en plus victime. Maisons du Monde n'est pas la seule société à solliciter les compétences de l’expert. Au fur et à mesure, les clients se multiplient. Pas tout à fait en phase avec son associée, Pierre Massot décide de lancer son propre projet. En septembre 2009, alors qu’il a tout juste 31 ans, il crée ainsi le cabinet Arenaire et, accompagné d’une collaboratrice, redouble d’efforts pour consolider la structure. « C’était très stressant, avoue-t-il avec sincérité. Cela m’a poussé à me dépasser. »

Défendre les dossiers corps et âme

S’il bénéficie de la confiance de ses premiers clients, l’avocat le sait : pour tirer durablement son épingle du jeu, il doit continuer à développer son activité. Il organise alors des conférences sur des sujets porteurs, collabore avec des experts spécialisés dans les sondages et l’évaluation de préjudices immatériels, intervient à l’Institut de recherche en propriété intellectuelle, rédige des articles dans les revues spécialisées… Une stratégie payante. Grandes entreprises et PME sollicitent progressivement son expertise. « Nous les conseillons de la même manière », tient à préciser l’avocat qui se fait un nom dans le secteur créatif. « Il défend ses dossiers corps et âme et de façon minutieuse, note Katty Sinquin, qui a eu l’occasion de faire appel à Pierre Massot sur des questions de droit d’image pour le compte d’une agence de communication. Ce qui lui permet de mettre en œuvre des stratégies efficaces. » Même analyse pour Yannick Ragon, le dirigeant de la société Mirabellor, installée dans l’est du pays : « Il prend véritablement le temps de comprendre l’environnement de son interlocuteur, de réfléchir. C’est ce que j’apprécie tout particulièrement chez lui. Il est très rigoureux. Il sait où il va. »

« Il m’a surpris par son aisance verbale et la maîtrise de sa tonalité. C’est un excellent plaideur »

Yannick Ragon, dirigeant de la société Mirabellor

Un esprit familial

Attentif aux besoins de ses clients, Pierre Massot s’associe en 2016 avec Thibault Lentini. « Il apporte une expertise de plus au cabinet, puisqu’il intervient en droit pénal et droit douanier », explique le fondateur de la maison qui, fort de l’échec de sa première association, prête une attention particulièrement à l’intégration de son coéquipier ainsi qu’à celle des cinq collaborateurs avocats et de la juriste qui travaillent à ses côtés. Un effort qui semble naturel pour Pierre Massot. « Il est bienveillant, assure Katty Sinquin, soulignant son humanité et son empathie. Il règne d’ailleurs une bonne ambiance au sein du cabinet. Les membres de l’équipe sont charmants. On sent un esprit familial qui dépasse le simple cadre professionnel. » Un esprit familial qui pourrait expliquer la performance de la structure ? Elle se positionne quoi qu’il en soit comme une référence en matière de propriété intellectuelle. Il est à ce titre mentionné dans différents classements spécialisés et récompensé pour avoir remporté d’importants contentieux. « La bagarre judiciaire est longue et dure. Je la mène comme un combattant », explique celui qui reconnaît avoir appris la persévérance et dont la qualité des plaidoiries est largement saluée par son entourage : « Il m’a surpris par son aisance verbale et la maîtrise de sa tonalité, témoigne Yannick Ragon. C’est un excellent plaideur. » « Un tacticien qui sait parfaitement user de remarques cinglantes et opportunes, sans effets de manche », confirme de son côté Aude Devois. Une aisance orale doublée d’un sens de l’humour et d’une capacité à traiter des sujets sérieux sans se prendre au sérieux qui dénote dans l’univers parfois strict des cabinets d’avocats. « Ce métier est infernal, assure-t-il, reconnaissant avec lucidité et humilité avoir été parfois contraint de sacrifier sa vie de famille. Depuis quelques années, j’arrive à trouver un équilibre, en prenant de longues vacances l’été, et en partant à la montagne chaque hiver avec ma femme et mes deux enfants. » Une harmonie subtile. Une équation gagnante.