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Paul Kramer : L’inclassable

Si cet avocat parisien connaît l’atmosphère des grands cabinets internationaux, il a su s’en éloigner pour créer une structure à son image avec ses deux associés. Fort d’une expérience variée, Paul Kramer peut aussi bien accompagner des entreprises de toute taille que prendre en main des dossiers de droit pénal complexes. Féru de voyage, ce touche-à-tout qui a pu exercer dans différents pays est plébiscité par ses clients et ses confrères pour ses capacités techniques, son ouverture d’esprit et sa simplicité. Portrait d’un homme qui ne rentre dans aucune case.

Janvier 2021

Le statut social de l’avocat, le prestige de la robe, Paul Kramer n’en a que faire. Il ne cherche ni la gloire ni la fortune. Il n’a d’ailleurs pas de carte de visite, porte rarement la cravate et passe peu temps sur LinkedIn. Peu importe. Sa clientèle est fidèle et solide. Son secret ? L’excellence du service rendu, d’abord. Capable de gérer n’importe quel dossier – principalement en droit des affaires et en droit pénal –, l’avocat est avant tout sollicité pour ses compétences juridiques. L’intelligence émotionnelle, ensuite. Au-delà de sa maîtrise technique et de son sens des affaires, Paul Kramer est plébiscité pour l’attention qu’il consacre à chacun de ses interlocuteurs. Que ce soit des grands groupes ou des start-up. « Il a de l’empathie et il est toujours soucieux de bien faire, assure Stéphane Jock, juriste chez Décathlon. Il a une approche plus douce, moins belliqueuse que d’autres avocats avec lesquels on travaille. » Même constat pour Adil Houti, le fondateur du Manoir de Paris que Paul Kramer accompagne depuis dix ans : « Il ne cherche jamais à ouvrir un dossier pour le refermer aussi vite ensuite. Il maîtrise les sujets juridiques et dispose d’une vraie intelligence émotionnelle. Il s’intéresse vraiment à la personne qu’il a en face de lui. » Des qualités humaines qu’apprécient largement ceux qui le côtoient au quotidien : « Il est profondément bienveillant, honnête et fiable », assure son associée, Maud Miallon. Une sensibilité et une volonté d’aider les autres que l’avocat reconnaît non sans une certaine dose d’autodérision : « Mes proches m’appellent parfois ''l’ami des minorités'' », note-t-il, sourire aux lèvres et sans complexe, affichant une approche du métier « à l’ancienne » et une envie de rester extérieur au microcosme des affaires parisien. Loin d’écumer les soirées mondaines, ce sportif au style de vie sain aime avant tout passer du temps avec ses trois enfants. Curieux de tout et surtout des autres, il développera très tôt un goût pour l’aventure. Une passion pour le voyage qui transparaît aujourd’hui dans sa façon d’appréhender le métier d’avocat. « On ressent en lui cette ouverture et son intérêt pour la différence,poursuit Maud Miallon. Il n’a pas peur de l’inconnu et ne reste jamais enfermé dans son propre univers. »

« Il maîtrise les sujets juridiques et dispose d’une vraie intelligence émotionnelle. Il s’intéresse vraiment à la personne qu’il a en face de lui »

Adil Houti, fondateur, Le Manoir de Paris

Compétence et ouverture

C’est d’ailleurs pour assouvir sa passion pour les voyages qu’il s'inscrit en faculté de droit. « Je me suis dit que le métier d’avocat me permettrait de partir travailler à l’étranger, assure celui qui s’épanouira pleinement sur les bancs de l’université d’Assas. Ce que j’aime, à ce moment-là, ce ne sont pas tant les matières enseignées que la liberté qu’offre la faculté. » Rapidement, l’étudiant est captivé par le niveau des professeurs comme Pierre Delvolvé, Nicolas Molfessis ou Horatia Muir Watt. Parce qu’il est avide de connaître d’autres façons de penser le droit, notamment celles des pays anglo-saxons, il réalise une partie de sa formation outre-Manche. Une ouverture qui lui vaut de se distinguer des autres avocats de sa génération. La preuve : il est vite repéré par le cabinet Francis Lefebvre pour compléter le département droit international privé. Une première expérience du métier qui lui permet de découvrir à la fois des disciplines singulières - droit minier, droit OHADA…– et un rythme de travail effréné. « Ce ne fut pas une période facile, mais j’avais confiance en moi. Je savais que j’apprenais à exercer mon métier avec rigueur et à venir à bout de n’importe quel type de dossier », se souvient celui qui décidera, au bout d'un an, de s’échapper du monde des affaires pour partir à l’aventure.

De Mayotte à Hong Kong

« En faisant quelques recherches, je tombe par hasard sur une annonce émise par une avocate en quête d’un collaborateur à Mayotte », poursuit-il. Une aubaine pour le jeune avocat en manque d’exotisme qui sera le premier métropolitain à prêter serment sur l’île. Si le territoire est petit, les sujets sont nombreux. Droit des affaires, droit de la presse, droit pénal, droit social, droit des étrangers… Paul Kramer traite tous les dossiers. Au-delà des questions de droit, l’homme est confronté à des problématiques sociales parfois complexes sur le plan humain. Un épisode formateur pour le jeune avocat qui restera près de trois ans outre-mer.

« Il a une approche plus douce, moins belliqueuse que d’autres avocats avec lesquels on travaille »

Stéphane Jock, juriste, Décathlon

De retour à Paris en 2006, l’avocat intègre le cabinet Lefèvre Pelletier et Associés. Mais très vite, ce féru de voyage a soif d’aventure. Alors, quand la maison lui propose de rejoindre son antenne en Chine, il n’hésite pas longtemps et s’envole pour cette microstructure consacrée au droit des affaires à Hong Kong d’abord, puis à Canton. Sur place, Paul Kramer développe l’activité, part à la rencontre d’industriels locaux, apprend les bases de la législation chinoise, s’adapte aux mœurs asiatiques… « C’est vivifiant », assure-t-il avec enthousiasme, se découvrant par la même occasion une fibre entrepreneuriale. Dix-huit mois plus tard, l’avocat rentre en France pour des raisons personnelles. Il est recruté par le cabinet CVML alors en quête de profils internationaux pour son département corporate et contentieux.  « J’étais à ma place, mais j’ai toutefois eu le sentiment d’être décalé, explique celui qui se consacre dorénavant entièrement au droit des affaires. J’ai réalisé que nous étions des businessmen du droit. Ce n’était pas ma vision du métier. »  Parce qu’il aspire à traiter des sujets plus variés et dans lesquels l’humain a davantage de place, il rejoint le cabinet de Vannina Versini en 2009. Aux côtés de la pénaliste réputée pour son tempérament bien trempé, l’avocat prend en main des dossiers de droit pénal avant de finalement monter sa propre structure trois ans plus tard.

Une clientèle éclectique

« Dès le début, j’ai eu des clients aussi bien sur des sujets de droit pénal que de droit des affaires », explique celui qui se considère comme un « couteau suisse ». Pleinement investi dans chacun des dossiers qu’il traite, Paul Kramer se positionne en un conseil du quotidien. Un projet entrepreneurial qui le galvanise : « Il y avait de la peur et de l’adrénaline, mais cela me motivait bien plus que la vie de collaborateur dans une grande maison. »  Au fur et à mesure, l’avocat multiplie les opportunités et les rencontres. Si bien qu’il se forge une clientèle éclectique. Capable de défendre des grandes entreprises telles que Décathlon ou Orange dans des dossiers de contentieux commercial. « Paul Kramer a travaillé pour nous après avoir remporté un appel d'offres, témoigne Stéphane Jock, juriste dans l’enseigne de sport. On a rapidement trouvé qu’il sortait du lot. Si bien qu’il nous a accompagnés sur un important dossier de concurrence déloyale et sur des dossiers de droit pénal. »

FUN FACTS

  • Il se déplace principalement en vélo.

  • Il est passionné de voyage

  • Il aime diversifier son activité et traiter des dossiers très différents les uns des autres. 

Loin de s’intéresser uniquement aux grandes sociétés, Paul Kramer aime aussi suivre des entrepreneurs ambitieux. C’est le cas d’Adil Houti, un jeune Américain qui, en 2010, veut créer un spectacle hanté au cœur de la Capitale. « Il est arrivé à Paris à 25 ans avec un style décalé. Personne ne le prenait au sérieux, se souvient Paul Kramer. Moi j’y ai cru, c’est pour ça que j’ai décidé de devenir son conseil. » L’avocat voit juste. Car le Manoir de Paris connaît très vite une notoriété évidente et un succès indéniable. « Il a vraiment su cerner mon projet, assure l’entrepreneur. On est véritablement dans l’échange. Quand je demande son avis et lui pose des questions, il ne cherche jamais à afficher ou imposer son savoir. Il connaît le droit et sait le dépasser pour avoir une vision business. » En parallèle des sujets de droit des affaires, il est régulièrement sollicité dans des dossiers de droit pénal. En 2014, il assure notamment la défense du pilote et du co-pilote impliqués dans le crash de l’avion du PDG de Total en 2014. Avec sa souplesse intellectuelle et son envie de diversité, Paul Kramer s’adapte à chaque nouveau challenge, se forgeant ainsi une réputation solide. Et ça marche. Progressivement, les clients se multiplient.

Reprendre dans le bon sens

Convaincu que l’union fait la force et parce qu’il veut s’appuyer sur des avocats compétents, il s’associe d’abord avec Jean-François Quiévy, spécialisé en droit des affaires en 2015 puis avec Maud Miallon, experte en droit social, en 2019. Un trio complémentaire qui ne cherche pas à battre des records de facturation, préférant bâtir une croissance solide et construire des liens de confiance sur le long terme avec ses clients. Le tout, en gardant indépendance et autonomie. « Notre stratégie consiste à proposer un accompagnement plus large à chacun de nos clients, explique Paul Kramer. Cela, en conservant les valeurs qui sont les nôtres. » Au cœur de ces valeurs ? Les enjeux humains. « Ils sont prioritaires », assure celui qui n’hésite pas à refuser un dossier s’il estime ne pas avoir les compétences requises. « Il n’a pas d’ego mal placé, soutient Maud Miallon. Lorsqu’il sent qu’il n’est pas le mieux placé pour répondre à une problématique, il le dit franchement et sans détour. » Et si certains avocats sont fiers d’être disponibles jour et nuit pour satisfaire leurs clients, Paul Kramer, lui, tient à préserver sa vie privée. « Rester à son bureau jusqu’à 4 heures du matin, pour moi c’est un échec, assure-t-il, tout en reconnaissant être parfois contraint de travailler des soirées entières. Tout est en réalité une question d’équilibre. » Un style décontracté et une simplicité assumée qui détonne dans l’univers des affaires. Tant mieux. Paul Kramer n’a jamais eu l’intention de rentrer dans un moule. Encore moins de faire comme tout le monde. Libre penseur. Libre tout court.

« On est véritablement dans l’échange. Quand je lui demande son avis, il ne cherche jamais à imposer son savoir. Il connaît le droit et sait le dépasser pour avoir une vision business »

Adil Houti, fondateur, Le Manoir de Paris